Mardi 27 septembre dernier était diffusé le téléfilm Marion, 13 ans pour toujours, adapté du récit autobiographique de Nora Fraisse, mère de la victime défunte. J’avais lu le livre l’an dernier – vous pouvez lire mon avis ici – que j’avais, par ailleurs, beaucoup apprécié. J’avais été touché par le témoignage de cette mère courage et choqué par les embuches auxquelles elle avait dû faire face. J’avais, de ce fait, très envie de voir le téléfilm, avec Julie Gayet dans le rôle principal. Et j’ai été convaincu dans l’ensemble.
La version télévisée est, en effet, très juste et réaliste, mais également très violente. J’ai pu voir des films sur le sujet très durs (comme BenX), or celui-là fut très difficile à regarder pour moi. Comme je connaissais déjà l’histoire, je savais comment ça allait finir. Il a fallu alors que je m’accroche, tandis que mon cœur battait à la chamade et que mon corps entier tremblait. Je redoutais le moment où la jeune Marion tomberait dans le cercle vicieux du harcèlement, où les autres lui feraient violence par pur sadisme. Je me suis vraiment retrouvé en elle, ayant été moi-même victime de harcèlement de la primaire jusqu’au lycée. J’ai ainsi reconnu les différentes étapes inévitables de ce processus : le sourire qui s’estompe, l’isolement et les mensonges pour prétendre que tout va bien. Elles sont, pour moi, très bien décrites et tout le monde, y compris celles et ceux qui n’ont jamais été harcelés – ou ne le sont pas, tout simplement –, s’y identifiera.
Le combat de la mère est aussi palpitant à suivre, même si on connaît déjà plus ou moins le scénario. Une fois de plus, on est révolté par la réaction des habitants de la ville et par celle du corps enseignant. Et on est épaté par la force de caractère de Nora, qui va poursuivre son combat seule contre tous, jusqu’être épaulée par son mari. Ainsi, le téléfilm est assez fidèle au livre et en reprend les passages les plus marquants.
Pour dire un mot sur le jeu des acteurs, je les ai trouvés convaincants pour la plupart. Julie Gayet relève bien le challenge, de même que la jeune Luàna Bajrami. Fabrizio Rongione (le père de Marion) joue un personnage tout en nuances, tandis que les autres jeunes acteurs du casting font de la méchanceté leur seconde nature.
Là où je suis plus réservé, c’est quant au scénario et à la mise en scène. Vu que le film ne dure qu’une heure et demie, on comprend qu’ils aient dû enlever des passages du livre. Il y a également beaucoup de raccourcis scénaristiques, ce qui ne pose pas de problème si on connaît déjà bien le sujet du harcèlement scolaire. La mise en scène est parfois volontairement très poussée, le jeu d’acteur aussi, pour nous atteindre en plein cœur. Par conséquent, je pense que le réalisateur a fait « exprès » de réaliser un film tire-larmes, dans le but suscité.
En conclusion, Marion, 13 ans pour toujours (le téléfilm) a une visée pédagogique, afin de faire prendre conscience au plus grand nombre que le harcèlement scolaire est quelque chose de grave. J’espère donc que les établissements scolaires organiseront des sessions spéciales autour de ce thème, à l’aide de ce film.