Bonjour à toutes et à tous ! Je vous parle à nouveau de littérature sur le blog, plus particulièrement du genre Young Adult via la saga Autre-Monde de Maxime Chattam. Je vous avais déjà donné mon avis sur les deux premiers tomes, L’Alliance des Trois et Malronce. Aujourd’hui, je vous fais part de mon opinion globale quant à la franchise, en vous disant ce que j’ai aimé et ce que je n’ai pas aimé.
Autre-Monde, c’est bien ou pas ?
De manière générale, j’ai apprécié l’univers créé « de toute pièce » par Maxime Chattam. Effectivement, il s’inspire de nombreuses références pour développer ses intrigues, pour poser ses décors et pour décrire ses personnages. Après, Autre-Monde est pour moi une saga pour ados classique, avec les codes et clichés qui régissent ce genre littéraire. De plus, si j’ai beaucoup aimé le premier cycle, j’ai eu plus de mal à apprécier le second, car on sent mine de rien que l’auteur a du mal à se renouveler dans sa trame narrative. Tandis que les trois héros évoluent surtout dans le septième et dernier tome (enfin, j’ai envie de dire !).
Si je devais classer les tomes par ordre de préférence, ce serait de la manière suivante :
- Malronce
- L’Alliance des Trois
- Genèse
- Le Cœur de la Terre
- Oz
- Entropia
- Neverland
En résumé : il y a mieux qu’Autre-Monde, mais il y a pire aussi !
Les personnages de la saga
Je mettrais les personnages d’Autre-Monde dans trois catégories : les protagonistes féminins, les personnages secondaires/antagonistes et les deux héros masculins (Matt et Tobias). Ils sont tous différents les uns des autres, et je me suis plus ou moins attaché à eux.
Les protagonistes féminins
Ce sont ceux que j’ai le plus appréciés dans Autre-Monde, leur traitement en particulier. Ce sont effectivement les héroïnes de la saga qui prennent les devants et affrontent les pires dangers, tout en prenant des décisions rationnelles. Mon personnage favori de la saga est d’ailleurs Ambre, car elle porte un énorme poids sur ses épaules et qu’elle est prête à se sacrifier pour sauver les gens qu’elle aime. Les sœurs Zélie et Maylis jouent également un rôle essentiel dans la quête des Pans pour combattre Bill et les autres Cyniks.
En revanche, on n’échappe bien évidemment pas à la sempiternelle idée qu’une fille ne peut pas affronter la vie seule sans un homme à ses côtés… Heureusement que le dernier tome finira par inverser la tendance !
Les personnages secondaires et les antagonistes
Matt, Tobias et Ambre vont faire la connaissance d’autres Pans et de Maturs (= les adultes bienveillants). Tous ces nombreux autres personnages sont intéressants à découvrir, de par leurs histoires et personnalités respectives. Mais voilà, la plupart d’entre eux disparaîtront/mourront, alors que je les trouve attachants pour ma part. Là où les deux héros principaux m’apparaissent comme étant de véritables têtes à claques.
Concernant les antagonistes, je retiens surtout le Buveur d’Innocence, qui s’impose par rapport aux autres ennemis que l’Alliance des Trois et leurs amis devront affronter. Sa personnalité est particulièrement effrayante et dégoûtante, à cause de ses tendances pédophiles. Pour moi, c’est le genre de méchant dont on se souvient même après sa lecture. Il y a aussi son bras droit Colin, qui est à la fois détestable et idiot dans son comportement. On n’a qu’une envie : le voir disparaître à jamais !
Les deux héros, Matt et Tobias
Je crois que, au cours de ma vie de lecteur, je n’ai jamais autant détesté un personnage que celui de Matt. Je sais que c’est le héros et j’ai essayé de l’apprécier pour ce qu’il est. Mais je n’y suis pas parvenu. Mieux : je voulais lui foutre des claques toutes les deux pages ! Il prend des décisions stupides pour la majorité et c’est par sa faute si la plupart de ses alliés meurent et/ou qu’ils s’attirent des ennuis. Il en prendra enfin conscience dans Genèse, où il acceptera ainsi de se remettre en question. Ce qui le rend donc plus appréciable à mes yeux !
Je suis plus dubitatif concernant Tobias. D’un côté, je le trouve aussi stupide que son collègue, aussi car il ne fait que le suivre la majeure partie du temps. Heureusement, le jeune Tobias finit par prendre des initiatives et à contribuer au succès de la quête de L’Alliance des Trois. Par conséquent, il évolue bien lui aussi.
Question : À un moment donné, je me suis demandé s’il n’y avait pas plus que de l’amitié entre Matt et Tobias. Avez-vous eu cette impression, vous aussi ?
Le schéma narratif d’Autre-Monde
C’est ce que je reproche le plus à cette saga : sa répétition et son manque d’audace. Si les deux premiers tomes avaient su me surprendre et m’emmener là où je m’y attendais le moins, la magie « cesse » à partir du troisième. C’est-à-dire qu’une fois qu’on sait comment Maxime Chattam procède pour dérouler son histoire, on sait d’avance ce qui va arriver à nos trois héros. Et comme les autres personnages finissent par mourir, on peut être sûr qu’il n’arrivera rien à Matt et sa clique.
Il y a, en outre, cette impression de surenchère de la part de l’auteur. En gros, chaque épreuve que traversent les personnages est pire que la précédente, et ainsi de suite. Au bout d’un moment, on finit par connaître la chanson par cœur – on sait que le trio s’en sortira toujours « indemne ». D’où cette lassitude qui m’est venu à partir du quatrième tome (Entropia). En passant, je pense que ce dernier et Neverland (tome 6) sont de trop, et il aurait fallu regrouper leurs péripéties en un tome seulement. Mon intérêt pour la saga est néanmoins revenu en lisant le tome 7 : je savais à quoi m’attendre de la part de Maxime Chattam, mais j’avais envie de savoir ce qui allait se passer et comment tout ça allait finir !
Pour conclure sur cette partie, je dirais que Maxime Chattam s’est perdu en voulant décrire dans les moindres détails l’univers qu’il a mis en place. D’un côté, je lui tire mon chapeau, car il est très dur de développer une telle histoire sur plusieurs tomes. De l’autre, j’aurais préféré qu’il y ait moins de répétitions et, donc, moins de livres à lire.
La saga et ses thématiques
Dans Autre-Monde, Maxime Chattam aborde les thématiques classiques liées à l’adolescence, dont celui de la sexualité. Ce dernier est lié « de loin » au thème du passage à l’âge adulte.
La sexualité qui amène la romance
Si le traitement de la sexualité est original dans sa forme, je l’ai trouvé cliché et peu subtil dans son fond. Parce que, bon, qui dit genre Young Adult, dit romance adolescente niaise inévitable ! Des passages du style : « Tu es toute ma vie, je ne peux pas supporter de te perdre ! », on va s’en coltiner pendant cinq tomes. Et ce n’est pas pour mon bon plaisir, si vous voulez mon avis !… De toute façon, on n’attend qu’une chose : qu’Ambre et Matt passent à l’acte ! Ce qui engendrera une conséquence « inattendue » (ridicule dans l’idée, mais symbolique dans sa finalité).
Par conséquent, cette amourette prévisible amènera à deux éléments dispensables selon moi :
- une morale « puritaine » à la Twilight: le sexe c’est très mal et ça vous fait perdre votre innocence à jamais (bien sûr, je pense que ce n’était pas l’intention première de Maxime Chattam de nous le faire percevoir de cette manière, mais je dirais qu’il le fait avec maladresse) ;
- un (pseudo) triangle amoureux qui ne sert à rien : on sait qu’Ambre et Matt finiront ensemble, comme ce fut le cas pour Bella/Edward et Katniss/Peeta.
Vous aurez donc deviné que je n’ai pas été séduit par cet aspect de la saga Autre-Monde. Et une fois encore, ce n’est que durant le dernier tome que les personnages vont accepter l’inévitable : devenir des adultes et sortir grandis par les diverses expériences qu’ils auront eues.
La religion, l’écologie et les dangers d’Internet
Outre la sexualité, Maxime Chattam s’amuse à remettre en question la religion, notamment à travers les débats qu’ont les Pans à ce sujet, et via la reine Malronce et le peuple des Cyniks. Si le message final est le même que dans d’autres œuvres (littéraires ou autres), je le trouve cependant pertinent. Je pense même que ça parlera facilement au jeune public visé par la saga.
Pour ce qui est de l’écologie, il est effectivement important d’en parler, surtout à l’heure actuelle où la Terre souffre des changements climatiques. Dans Autre-Monde, la nature reprend ses droits et fait « payer » aux hommes les conséquences de leurs actes mauvais. Certes, la morale est encore naïve, mais ça marche.
Mais ce qui m’a le plus agréablement surpris est la question d’Internet dans la société actuelle. La manière dont Maxime Chattam a amené le sujet dans la saga m’a laissé bouche bée ! Il arrive à conserver le ton léger de son histoire, tout en y glissant une pointe de sérieux. Et ça parlera aux adolescents à coup sûr !
Autre-Monde : une franchise cinématographique dans l’âme
Lorsque je lis un roman, j’essaie souvent de m’imaginer le résultat final en format long-métrage. Bon, il y a des livres pour lesquels ça ne pourrait pas fonctionner à mon sens (comme After). Mais pour Autre-Monde, je pense sincèrement que ça pourrait être adapté sur le grand écran. Ou sur Netflix, vu que la société produit et sort de plus en plus de films sur sa plateforme en ligne. Sinon, il y a aussi le format série qui pourrait marcher. Honnêtement, il y a des possibilités et j’espère que Maxime Chattam y songera un jour !
Conclusion générale
Autre-Monde de Maxime Chattam a donc ses qualités et ses défauts, comme toute autre saga du genre. Si j’ai été plus que séduit par les deux premiers volets, j’ai été refroidi à partir de la moitié du troisième. Jusqu’à terminer sur une note positive avec le septième. Et en dépit du caractère prévisible et trop ado de l’ensemble, je suis ravi de voir que des auteurs français puissent proposer des récits à la hauteur de Divergente et d’Hunger Games ! J’ai ainsi hâte d’en découvrir d’autres de ce genre qui soient originaires de nos contrées !