C’est un livre qui attisait ma curiosité depuis longtemps, étant sensible au thème du harcèlement scolaire. Je connaissais déjà l’histoire de Noémya Grohan (l’auteure), plus ou moins, mais outre les interviews qu’elle a pu donner sur son vécu et son expérience, j’avais envie de lire son témoignage écrite, afin de connaître le point de vue d’une ancienne harcelée. Et par rapport à celui de Nora Fraisse, il est tout aussi fort et imprégné de rage.
Ce qui frappe avant tout dans De La Rage dans mon Cartable, c’est qu’il y a deux Noémya : la femme qui raconte son parcours du combattant et l’adolescente qui rappe son désespoir. On pourrait se dire que ces deux « elle » sont différentes et, finalement, on retrouve respectivement dans les écrits de l’une les sentiments de l’autre. Ce côté-là du livre est intéressant, dans le sens où on sent que, malgré les séquelles de ce qu’elle a subi, Noémya a changé entre la période du collège et l’âge adulte. J’ai trouvé également fort le fait qu’elle se livre sans tabou, notamment sur les phases de dépression qu’elle a traversé, sans pour autant agir comme une victime. Au contraire, elle fait ça pour mettre des mots sur ce qui lui est arrivé, pour évacuer toute la frustration (même si le mot est faible pour décrire son sentiment) qu’elle a gardée en elle durant tant d’années, et pour montrer aussi qu’on peut s’en sortir en tant qu’ancienne victime d’harcèlement à l’école. Elle tente aussi d’apporter des solutions à ce phénomène, même si elle comme nous avons conscience que la route sera longue avant que de véritables actions de prévention ne soient mises en place.
Pour résumer, malgré qu’il ne fasse « que » cent cinquante et quelques pages (l’avantage est qu’il se lit relativement vite), ce livre décrit très bien le harcèlement au collège (et ça s’applique également au lycée) et ses conséquences sur la victime et sur son entourage (les autres élèves, les professeurs, les parents…). Je vous recommande donc vivement ce témoignage brut, à l’image de celui de Madame Fraisse.