Après m’être aventuré au Japon avec Geisha d’Arthur Golden et Ma Vie de Geisha de Mineko Iwasaki, j’ai passé mes dernières soirées en Chine grâce à l’auteure Lisa See. Son roman Snow Flower and the Secret Fan (ou Fleur de Neige en français) n’était qu’une simple curiosité de ma part. Contre toute attente, il m’a bouleversé.
Le style d’écriture est semblable à ceux d’Arthur Golden et de Mineko Iwasaki : il est soutenu et chaque mot est choisi avec soin. Il revêt également une sensibilité féminine délicate, qui met à nue les sentiments refoulés d’une héroïne qui ne veut plus se taire. En effet, nous sommes dans la Chine impériale et, à cette époque-là, les femmes n’avaient pas leur mot à dire. Vous l’aurez compris : les personnages féminins seront au centre de l’histoire. Là encore, il y a une similitude avec les deux romans susmentionnés, mais ça s’arrête là.
Fleur de Neige est la vie de Fleur de Lis, de son enfance jusqu’à la veille de sa mort. Elle nous raconte toutes les étapes qui ont régi sa vie : son « bandage », ses « années de riz et de sel » et le respect qu’elle a acquis grâce à son statut social. Mais surtout, ce livre a pour thème central l’amitié féminine : lorsqu’elle a sept ans, Fleur de Lis devient la laotong de Fleur de Neige (qui a également son âge). Cela signifie simplement qu’elles s’engagent à être amies pour la vie.
Heureusement, elles vont ainsi devenir très proches et l’une va aider l’autre à s’accomplir, aussi bien socialement que personnellement. Mais comme toute amitié romancée, celle-ci va connaître des embuches, malheureusement pas des plus plaisantes. Cependant, Lisa See nous épargne la facilité des passages tire-larmes pour nous offrir un récit simple, honnête et réaliste dans son propos.
Dès le début, la narratrice nous prévient : son existence n’a pas toujours été rose. Pourtant, en découvrant sa belle amitié avec sa laotong, j’étais optimiste. Pour moi, il était impossible que leur lien se brise. Mais le destin va les faire s’éloigner peu à peu l’une de l’autre. Par ailleurs il y a un passage dont je ne me suis toujours pas remis. Je ne m’y attendais pas du tout, pour vous dire.
Lisa See ne se contente pas également de simples descriptions futiles : elle va au plus profond des détails. À aucun moment son écriture n’est facile. Bon Dieu, que mes pieds ont souffert au début du livre (car le « bandage » des pieds d’une petite fille chinoise, c’est loin d’être fun). Sans parler de l’enfer progressif que vit l’une des héroïnes (j’avais vraiment mal pour elle et voulait juste que ça s’arrête). La fin m’a donné envie de pleurer. Quant aux deux héroïnes, elles sont très subtiles dans leur psychologie et j’ai aimé les voir évoluer au fil de ma lecture.
Le livre en lui-même fait 370 pages, mais ses chapitres sont souvent bien fournis. Au-delà de la vie de Fleur de Lis, c’est toute la société chinoise de l’époque qui revit à travers la plume de Lisa See. Ce roman est donc très intéressant grâce à cet aspect. Et si vous êtes passionnés par cette culture, ça ne peut que vous plaire.
Vous l’aurez compris via cette critique dithyrambique : j’ai aimé Fleur de Neige de Lisa See. Et je suis sûr que comme moi, votre imagination sera stimulée durant votre lecture !
En bonus : si vous voulez en savoir plus sur les pieds bandés en Chine, cet article est intéressant. Attention : âmes sensibles, s’abstenir !