Ce film était dans ma liste depuis un bon moment, car imaginer un monde qui n’a jamais connu les Beatles (et d’autres grands monuments de la pop culture), il fallait oser sortir ça sur grand écran. Et Danny Boyle l’a fait, avec brio. Entre ce réalisateur et moi, c’est comme le calme et la tempête : j’ai adoré certains de ses longs-métrages comme j’en ai détesté d’autres. Cette fois, il nous propose un feel-good movie conventionnel, toujours avec sa patte artistique cependant.
Je pense que même si on n’est pas un grand fan des Beatles, ce film peut quand même plaire au plus grand nombre (l’ancienne génération comme la nouvelle). À moins d’avoir vécu dans une grotte ces soixante dernières, il est presque impossible de ne pas connaître au moins une chanson de ce quatuor mythique. Leurs morceaux sont ainsi réinterprétés par l’acteur principal, Hemish Patel, mais à aucun moment il ne va les dénaturer. On entend bien que ce sont des reprises, mais les ombres respectives de John, de Paul, de George et de Ringo veillent à ce que leur patrimoine soit respecté à la lettre. Bon, ce ne sera pas une surprise si je vous dis que sa bande originale est le gros point fort de Yesterday. Vous pouvez donc aller au cinéma les yeux fermés rien que pour ça.
Le scénario tient bien la route, malgré quelques maladresses. J’ai trouvé son premier acte expéditif, dans le sens où le blackout arrive très vite et la scène d’après, les gens ne se rappellent plus des Beatles. On n’explique pas non plus pourquoi le héros est le seul à s’en souvenir (même si on se doute que c’est « grâce à » son accident). La romance est également hyper prévisible, mais elle est finalement bien amenée, sans que ce soit trop grossier.
À ce propos, Himesh Patel et Lily James ont une alchimie incroyable à l’écran. Je n’avais qu’une envie : qu’ils finissent ensemble. En plus, ces deux acteurs sont très talentueux. Le premier est à la fois charismatique, charmant et très bon chanteur. Je n’ai d’ailleurs eu aucun mal à me sentir proche de son personnage : il galère et personne ne LE reconnaît vraiment pour ce qu’il est (à part sa meilleure amie). J’ai trouvé le film triste en ce sens, malgré l’humour bon enfant omniprésent. Quant à sa partenaire, ce type de rôle lui va décidément comme un gant. Je l’ai ainsi trouvé attachante et charmante. Le reste du casting est également très bien, notamment Kate McNinnon (que j’ai adoré en manageuse connasse qui s’assume en tant que telle) et Joel Fry (le side-kick crétin par excellence).
La mise en scène et le montage nous immergent vraiment dans le film : on suit l’évolution de Jack, en même temps qu’on évolue avec lui. Les références culturelles sont bien trouvées et dispersées tout au long du film. Elles nous tapent à l’œil, mais on ne s’y attarde pas trop non plus. La référence finale m’a bien fait rire. Il y a aussi un autre passage que les fans des Beatles devraient apprécier.
Enfin, je vois Yesterday comme un beau bras d’honneur que Danny Boyle fait aux gros studios américains, qui font des remakes et des reboots à la chaîne pour jouer avec le sentiment de nostalgie des spectateurs. Aux grosses maisons de disques qui misent sur la rentabilité de leurs « produits » plutôt que sur le talent de leurs artistes. Mais j’y vois aussi une sorte d’envie de sa part de faire découvrir le « vieux » patrimoine aux plus jeunes. Une chose est sûre : ce répertoire musical reste culte et intemporel.
Pour conclure, je vous conseille vivement d’aller voir Yesterday. Vous vous régalerez ainsi en réécoutant les titres des Beatles et vous ne pourrez qu’avoir le sourire aux lèvres en sortant de la salle.