James Gray fait partie de ces cinéastes qui privilégient le fond par rapport à la forme. Du moins, c’est ce que j’avais ressenti en regardant Two Lovers, film sur la lâcheté d’un homme qui était trop rêveur pour la réalité dans laquelle il évoluait (Joaquin Phoenix). Un film que j’avais bien aimé, malgré son message « réducteur ». Dans The Lost City of Z, sorti le 15 mars dernier, James Gray continue d’explorer le thème de l’Homme et ses failles. Et il le fait avec brio.
En premier lieu, j’ai été surpris par la nationalité de The Lost City of Z. J’étais persuadé que James Gray était britannique et que son film était donc britannique (étant donné que le cœur de l’action a lieu – en partie – en Irlande). Eh bien, non ! Quelle ne fut ma surprise de voir que ce nouveau long-métrage était bel et bien américain ! Pourtant, ce dernier ne recèle pas d’une forme extravagante et superficielle (malgré un réalisme évident et plaisant). Au contraire, son réalisateur en privilégie le fond et, me concernant, ça me va très bien ! Néanmoins, le clivage entre les genres respectifs du blockbuster et du film d’auteur est encore bien trop présent. Ce qui se ressent beaucoup dans The Lost City of Z, bien que celui-ci soit plus « ambitieux » que Two Lovers.
Ensuite, la longue durée du film pouvait me rebuter. Deux heures peuvent être longues si le scénario est mou et n’a rien à raconter. Je ne vous dis pas si on rajoute vingt minutes supplémentaires ! En arrivant dans la salle de cinéma, je me demandais comment le réalisateur allait pouvoir relater l’expédition de Percival Harrison Fawcett en deux heures et quelques. The Lost City of Z commençant comme n’importe quel biopic cinématographique, je pensais n’être aucunement surpris. Eh bien, si !
Si le film s’appelle The Lost City of Z, le titre en question est davantage symbolique qu’à prendre à la lettre, au final. Il s’agit bien de son sujet central, mais il est également la raison d’être de son personnage principal. C’est là que j’applaudis James Gray : il réussit à rendre son héros humain, tout en le plaçant au centre de sa mise en scène. Charlie Hunnam livre d’ailleurs une prestation d’acteur remarquable, car il réussit à passer par tous les états émotionnels que son rôle lui impose, en faisant notamment preuve de charisme. Il est également très bien aidé par ses covedettes : Robert Pattinson (méconnaissable), Edward Ashley, Angus Macfadyen, Sienna Miller et Tom Holland. En passant, j’ai beaucoup aimé le fait que le personnage de ce dernier retourne en Amazonie avec son père pour trouver enfin cette fameuse « ville perdue ». Pour moi, c’est un arc très symbolique, qui donne une belle conclusion au personnage de Fawcett (qui, lui-même, trouvera enfin la paix intérieure).
James Gray aime, en outre, s’intéresser au monde et à l’époque qu’il dépeint dans sa filmographie. Il sait quelle histoire il raconte et reste donc le plus réaliste possible, lorsqu’il s’agit de « délimiter » la place de chaque individu dans la société dans laquelle il évolue. Sa réflexion est ainsi intéressante et peut même s’appliquer au monde actuel. Car, qu’on le veuille ou non, les inégalités ont toujours existé, de même que la différence effraie les plus « savants ».
Je finirai sur la bande originale composée par Christopher Spelman, que j’ai trouvée très intéressante durant les passages « muets » en Amazonie (tant elle nous immerge dans ce décor autant paradisiaque qu’hostile).
Vous l’aurez deviné : j’ai été conquis par The Lost City of Z. James Gray s’attache à ses différents personnages, tandis que le spectateur se prend d’affection pour eux (y compris les moins sympathiques). Et, surtout, il parvient à dépeindre le parcours de vie d’un homme orgueilleux, qui apprendra à moins vouloir décrocher la lune.