Le quotidien des soldats américains en Irak, dont trois en particulier : William, JT et Owen. Durant les quarante jours qu’il leur reste à passer sur le terrain, ils vont devoir accomplir des missions toutes aussi périlleuses les unes que les autres…
D’un côté, je me dis que si le film a tout raflé aux oscars, c’est parce qu’il est filmé à la caméra à la main et que pour moi, ça ne mérite pas autant de reconnaissance de la part de l’académie. Mais il faut dire le docu-fiction de Kathryn Bigelow réussit au moins le pari de rester le plus réaliste et neutre possible, justement à cause de cette fameuse caméra numérique. The Hurt Locker a également le mérite de ne pas sombrer dans la violence extrême, et donc dans la boucherie, alors qu’il a eu de nombreuses occasions pour. Pour ces deux raisons (entre autres), Démineurs s’apprécie. Mais pour d’autres, on regrette presque qu’il ne soit pas justement le film oscarisé qui a récemment fait sensation.
Ce que j’ai beaucoup aimé dans The Hurt Locker, c’est son absence de véritable synopsis. En effet, plutôt que d’inventer de toutes pièces une histoire, où des soldats américains s’engagent dans une lutte acharnée et sanglante où le surréalisme dépasse le réalisme, Bigelow préfère poser sa caméra et laisser ses acteurs faire le reste. Des acteurs qui sont d’ailleurs, pour la plupart, tous inconnus (hormis Ralph Fiennes et Evangeline Lilly, qui bénéficient tout juste de rôles vraiment secondaires), ce qui n’est pas plus mal. Encore une fois, la réalisatrice évite de faire de son film une grosse machine hollywoodienne patriotique, tels ses concurrents Avatar et The Blind Side (les genres sont, certes, différents, mais les films en question glissent trop souvent dans la facilité scénaristique).
En ce qui concerne le casting, il est vraiment très bon. Par ailleurs, j’ai trouvé intéressant de baser Démineurs sur trois points de vue concernant la guerre : le soldat qui risque sa peau à chaque occasion qui se présente, juste parce qu’il aime ça (et on s’en rend vraiment compte à la fin) ; le soldat qui sait où sont les limites de son boulot ; et enfin, le soldat pour qui la guerre est finalement quelque chose de trop « gros » (si bien qu’il ne sait pas du tout comment agir sur le terrain).
Est-ce que tous ces éléments en font un chef-d’œuvre pour autant ? Je réponds non, même si je continue de penser que la réalisation et le scénario de The Hurt Locker sont vraiment audacieux. Le principal problème du film, c’est qu’il est trop long. Par exemple, on aurait très bien pu se passer des scènes entre Will et le petit garçon iranien, scènes qui débouchent par ailleurs sur le cadavre piégé de l’enfant en question. À mon avis, il aurait été mieux de prendre un personnage inconnu pour remplir le rôle. Un peu comme tous ces Iraniens qu’on aperçoit tout le long de Démineurs, dont on ne connait jamais vraiment la nature.
Kathryn Bigelow s’est également ratée dans sa tentative d’instaurer, à chaque passage de grand danger potentiel pour les personnages, un suspense insoutenable. Si pendant la première heure, ça marche, l’ennui finit par nous guetter durant les longues minutes restantes. C’est dommage, le suspense étant d’habitude un argument louable pour un film de guerre comme celui-ci.
The Hurt Locker divise donc beaucoup, entre sa volonté de s’éloigner d’un cinéma américain souvent trop conformiste, et ses deux heures longues qui ne passionnent pas vraiment. Il n’empêche qu’il méritait un succès plus large.