The Ghost, un « nègre littéraire », est engagé pour finir de rédiger les mémoires de l’ancien premier ministre britannique, Adam Lang. Le voilà parti un mois pour s’exiler aux États-Unis, sur une île perdue au milieu de nulle part. Une île chargée de secrets, politiques notamment. Et the Ghost ne va pas tarder à le découvrir, puisqu’il apprend que son prédécesseur, l’ancien bras droit de Lang, a été assassiné à cause des mémoires en question…
The Ghost Writer pourrait légitimement être comparé à Shutter Island, les deux films étant sortis presque en même temps dans les salles obscures. Déjà parce que l’action se situe en grande partie sur une île. Ensuite parce qu’il s’agit d’un thriller qui fait appel à la réflexion et aux théories en tout genre. Enfin, parce que comme son confrère Scorsese, Roman Polanski a opté pour une réalisation sobre et épurée, moins hollywoodienne peut-être. Car quelques plans de caméra bien tournés suffisent à plonger le spectateur dans le flou total.
Entre la femme de l’ex-ministre qui ne voit pas d’un très bon œil ce projet littéraire, la secrétaire qui semble avoir des relations bien privilégiées avec son employeur, et la servante qui en sait beaucoup plus qu’elle ne le prétend, on ne sait plus vraiment où se donner la tête. Ce qui en soi est un bon point, Polanski sachant préserver le mystère jusqu’au bout, contrairement à Scorsese qui, lui, en dévoilait trop justement. Cependant, c’est également le point faible de son Ghost Writer, tant rien n’est vraiment clair. Le final en est d’ailleurs un très bon exemple. Et puis, les magouilles politiques, il faut pouvoir les décrypter (je sais, c’est un argument facile, mais louable sans doute).
Le film en lui-même est sympathique, et se laisse regarder sans trop de déplaisir. Mais ce n’est pas pour autant qu’il va tenter de réinventer le genre. Les acteurs, quant à eux, sont tous bons, mais honnêtement pas exceptionnels non plus (à part Olivia Williams, qui tire son épingle du jeu en incarnant avec force et conviction un personnage aux multiples facettes). Déception, au passage, pour Kim Cattrall, qui ne réussit pas tellement sa reconversion (inattendue, il faut l’avouer, la belle étant habituée à son rôle de maneater de Sex & the City).
The Ghost Writer, derrière son scénario bien ficelé et ses mystères casse-têtes, s’avère finalement n’être qu’un banal thriller, comme on en voit souvent. À réserver pour tous les amateurs du genre surtout.