Dans un village situé au fin fond de la campagne anglaise, les choses ne sont pas aussi paisibles qu’elles en ont l’air, surtout lorsque Tamara Drewe, journaliste people qui s’est fait refaire le nez, revient au bercail pour finir son autobiographie. Elle va alors faire tourner la tête à trois hommes : Nicholas Hardiment, mari volage qui délaisse sa femme ; Ben Sergeant, batteur d’un célèbre groupe de rock et hautain ; Andy Cobb, l’ami d’enfance de Tamara, qu’il n’a jamais cessé d’aimer. Et lorsque deux petites pestes s’en mêlent, ça crée un bordel incroyable…
Si Tamara Drewe n’était pas un film, ce serait une sucrerie, et Stephen Frears serait le pâtissier qui l’aurait créé. Ce serait cependant une sucrerie dont il ne faudrait pas trop abuser. Non pas que le nouveau bébé de Frears soit laid, mais il laisse un goût, néanmoins minuscule comme tout, la bande-annonce annonçant un futur chef d’œuvre. Mais Tamara Drewe parvient quand même à remplir toutes les fonctions requises pour être un parfait divertissement, que l’on regarde soit pour le plaisir, soit parce qu’on déprime.
Ce qui est avec Tamara Drewe, c’est qu’il ne se concentre pas uniquement sur le personnage-titre en question, mais sur tous ceux et celles qui l’entourent. Le film aurait d’ailleurs pu s’appeler « Dorset », puisque c’est là qu’a lieu le nœud principal de l’action. Car pour moi, ce n’est pas Gemma Arterton qui brille le plus, mais plus ses partenaires. C’est une bonne actrice, je n’en doute pas, mais elle a encore beaucoup de choses à prouver. Roger Allam (Nicholas), Tamsin Greig (sa femme, Beth), Jessica Barden (Jody), Charlotte Christie (son amie, Casey) ou encore Dominic Cooper (Ben) sont très bons dans leur jeu, contribuant ainsi à rendre toutes ces histoires entremêlées vraiment passionnantes.
En fait, le personnage de Tamara est le point qui relie les membres de son entourage, de l’époux infidèle, qui en a toujours pincé pour elle, à l’ancien petit-ami, qui l’aime toujours, en passant par la rockstar qui va tomber sous le charme de la jeune femme, ce qui va provoquer la jalousie presque maladive de deux adolescentes fans, qui vont semer la zizanie dans le village par simple vengeance personnelle. Ce qui fait que l’ensemble est bien écrit : le scénario est ficelé comme il le faut (malgré quelques prévisibilités, peut-être la faute à la bande-annonce qui a le défaut de tout montrer), les dialogues sont savoureux (l’humour british ne prendra jamais de rides, décidément), et le rythme est très soutenu (il n’y a pas de temps mort, ce qui rend le film vraiment plaisant à regarder).
Ce que j’ai également bien aimé dans Tamara Drewe, c’est le style « comics » (le film est tiré d’une bande dessinée), que Stephen Frears exploite à merveille, surtout pour mettre en scène les flashbacks de personnages masculins en rapport à Tamara. Les flashbacks sont d’ailleurs très drôles à voir, et nous permettent d’avoir un « aperçu » de la Tamara adolescente avec son gros nez. Encore des qualités qui nous font davantage apprécier ce petit bijou venu d’outre-Manche. Néanmoins, comme je l’ai dit au début de ma critique, il manque ce petit quelque chose qui ferait de Tamara Drewe un chef-d’œuvre du septième art.
En résumé : Tamara Drewe est l’ovni cinématographique de l’été 2010.