[CINÉMA] La Sociologue et l’Ourson

J’ai la chance d’être suivi par l’équipe de production du film sur Twitter, par lequel j’ai ainsi découvert La Sociologue et l’Ourson. Ce dernier porte sur le mariage gay, ou plutôt sur la loi conçue autour de ce projet « hors du commun » (qui en a fait protester plus d’un), de la genèse à la validation de celle-ci. Pour être franc, je m’attendais à un film qui soit à 100% en faveur de la Loi du Mariage pour Tous. Mais pas tant que ça en fait.

Ce que j’ai aimé dans ce documentaire « fictionnel », ce que les deux réalisateurs ne prennent pas forcément parti pour l’un ou l’autre camp. Ils se « contentent » juste d’assister aux débats électriques autour du sujet et de les filmer, que ce soit à l’Assemblée nationale, dans les rues, dans les studios radio ou dans les plateaux de chaînes télévisées. Même si on en a parlé pendant des mois et des mois, cela fait du bien d’avoir un « autre » regard sur la question (surtout si on n’est très friand de l’actualité en général).

Et puis, j’ai beaucoup aimé ce mélange entre les scènes réelles (avec les personnages en chair et en os) et les scènes tournées avec des jouets d’enfant. Un mélange qui s’avère être équilibré et qui s’enchaîne bien, puisque différents thèmes sont abordés autour du Mariage pour Tous : le pourquoi du mariage en général et son évolution, l’homosexualité au cours des décennies, le fait d’avoir recours à une mère porteuse ou pas, etc. Autant de sujets qui sont finalement encore tabous aujourd’hui, un sentiment qui s’est répercuté après l’annonce de ladite loi. Et qui est bien montré dans le film, via les images prises durant la Manif pour Tous (il y a d’ailleurs une légère prise de bec en coulisses entre la sociologue Irène Théry et la militante Frigide Barjot).

La manière d’aborder la chose par le duo de réalisateurs est, en outre, intéressante : ils nous préviennent d’emblée qu’ils veulent faire un film qui soit à la portée de tous, qui ne soit pas compliqué en somme. Et c’est là que les jouets entrent en jeu. Alors, je ne sais pas si c’est volontaire, mais j’ai beaucoup souri au « choix » d’attribuer à certaines personnes une peluche en particulier. Genre un cochon pour un maire qui refuse de marier les homosexuels. Porcinet pour désigner un juriste. Mais c’est surtout de voir la peluche de Barjot avec le bonnet de Marianne qui m’a fait rire, tellement ce personnage public et ce symbole national sont aux antipodes l’un de l’autre. Il y a aussi les journalistes qui sont remplacés ici par des oiseaux de toute sorte (j’aurais bien vu des corbeaux ou des vautours, personnellement, mais le rôle leur va bien dans l’ensemble).

L’utilisation des jouets implique donc que La Sociologue et l’Ourson se veut être un documentaire à la fois sérieux et enfantin. D’un côté, les faits sont montrés tels quels, avec beaucoup de distance, et, de l’autre, on s’amuse gentiment de cette mise en scène récréative et théâtrale et de ce montage volontairement exagéré par moments. Et même si tout nous expliqué par une sociologue, cette dernière se met à la portée du spectateur, lorsqu’il s’agit de nous expliquer les tenants et les aboutissants de la loi en question, à travers les conversations qu’elle a au téléphone avec son fils (Mathias Théry, l’une des deux personnages derrière la caméra). Par conséquent, l’aspect éducatif est bien mis en forme dans ce cas-ci.

Pour résumer ma pensée, je vous recommande d’aller voir La Sociologue et l’Ourson. Notamment avec vos enfants, vos neveux et nièces ou vos élèves (selon si vous êtes parent ou professeur), car cela leur permettrait d’être davantage réceptifs à cette problématique. Pour moi, c’est clairement un film qui se veut être accessible au plus grand nombre (et qui l’est). Donc s’il est à l’affiche dans votre cinéma, n’hésitez plus : allez le voir !

Je tiens à remercier le CM du compte Twitter du film de m’avoir donné l’autorisation d’utiliser les photos pour illustrer mon article.