Melissa est commanditée par le Ministère de l’Intérieur, pour faire un album photo de la Brigade de Protection des Mineurs de Belleville. Avec elle, on suit le quotidien de ces flics, qui traitent chaque jour des affaires de pédophilie, de délinquance et de prostitution infantile…
Le jury de Cannes lui a décerné sa palme en mai dernier, les cinémas Gaumont et Pathé en ont fait leur coup de cœur du mois… et on comprend pourquoi désormais ! Car Polisse est un chef d’œuvre du cinéma français contemporain dans toute sa splendeur. Un beau coup de poing, comme on n’en avait pas eu depuis longtemps. Surtout qu’il n’était pas évident de traiter un tel sujet sur grand écran ! Et pourtant, Maïwenn l’a fait, avec grâce et talent.
Première surprise : le film s’ouvre sur… L’Île aux Enfants ! Et si, de notre fauteuil, on s’amuse d’un air gêné, face à tant d’« idiotie » de la part de la jeune réalisatrice, ce choix n’est pourtant pas anodin, puisqu’il donne finalement tout son sens à Polisse. Deuxième surprise : le film mise énormément sur l’humour (même durant des scènes plus difficiles à regarder), ce que fonctionne à merveille ! Pour tout vous dire, je ne sais pas si j’aurais pu le regarder jusqu’au bout s’il avait été traité différemment.
Car il faut tout de même avouer que, malgré cette ambiance « légère » et « bon enfant », on est sans cesse choqué par les (nombreux) dialogues crus du film. Car derrière ses scènes de gardes à vue et de dépositions déguisées en « gags » (cf. la fameuse scène du portable qui en a fait rire plus d’un dans la salle de cinéma où j’étais), Polisse reste un film, ou plutôt un « docu-fiction », qui traite de pédophilie, d’inceste, d’enfants abandonnés par leurs parents et j’en passe. Au passage, mon cœur s’est retrouvé plusieurs fois chambouler, notamment lors des quelques faces à faces violents entre les personnages (Karin Viard / Marina Foïs, Naidra Ayadi / le musulman extrémiste au sujet du Coran) et de la scène très émouvante du gamin devenu orphelin et placé en foyer (durant laquelle j’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à retenir mes larmes).
Pour parler du côté « docu-fiction », c’est très bien fait, tant le réalisme et la retenue priment dans Polisse. Maïwenn dirige avec beaucoup d’aisance sa brochette d’actrices et d’acteurs, qui s’en sortent tous avec les honneurs. En tête, on retrouve Karin Viard (excellente comme à son habitude) et JoeyStarr (la révélation masculine de 2011, tant il réussit à nous faire oublier le personnage controversé qu’il est habituellement). Quant au personnage de Maïwenn, je dirais que s’il apparaît finalement inutile à l’ensemble (son histoire d’amour avec Fred n’apporte rien de bien intéressant), il traduit néanmoins le désir du gouvernement actuel de vouloir nous faire croire ce qu’il veut, à travers le fameux album de photos de la brigade (notez au passage que les photos prises au début concernent surtout les pauses déjeuners).
Polisse est donc, sans aucun doute, l’un des plus beaux films que j’ai pu voir durant ces dernières années, tant on parvient à passer des rires aux larmes en deux heures, et ce en un clin d’œil. Pour le moment, il s’agit du film français de l’année !