Je continue lentement (mais sûrement) mon marathon cannois, avec le thriller sociétal Money Monster. Un film réalisé par Jodie Foster qui porte le nom de l’émission fictive animée par George Clooney et dirigée par Julia Roberts à l’écran. Une histoire dans laquelle tout va bien « pour le meilleur des mondes », jusqu’au jour où un téléspectateur décide d’organiser un « attentat surprise » sur le plateau même de l’émission…
Voici le pitch résumé du film sans spoilers. Je vais essayer de ne pas trop en dire de ce côté-là, car c’est justement une œuvre qui se base beaucoup sur l’effet de surprise, et ce, du début à la fin. C’est d’ailleurs pour moi son point positif principal, parce que je pense qu’il n’aurait pas vraiment eu de l’intérêt, sinon. En revanche, je lui reprocherais d’user de beaucoup de clichés pour le développement de son scénario, mais ces derniers sont largement compensés par le rythme dynamique de l’ensemble.
Autant commencer par-là : on est pris par l’histoire sans interruption aucune. Certes, on peut peut-être facilement en deviner le dénouement, mais la réalisatrice use de nombreux rebondissements pour nous faire douter de ce qu’il pourrait arriver, des personnages et de leurs actions et du pourquoi de cette prise d’otages « télévisée ». Le trio principal d’acteurs est particulièrement imprévisible : d’un côté, on a un jeune homme qui cherche à obtenir justice, mais qui fait du chantage pour obtenir ce qu’il veut ; de l’autre, on a deux acteurs majeurs du petit écran, qui tentent de faire tourner la situation à leur avantage (et, dans le même temps, on a du mal à discerner leur sincérité de leur « jeu d’acteur »). Si Julia Roberts et George Clooney sont fidèles à eux-mêmes et font bien le job, c’est surtout le jeune Jack O’Connell qui se révèle dans ce rôle attachant, auquel on s’identifie d’emblée, tant la personne nous fait plus pitié que peur. Alors qu’on a tendance à aimer détester Walt Camby (Dominic West), qui est le « vrai » méchant de cette histoire.
J’ai également trouvé intéressant le regard que porte la caméra de Jodie Foster sur la société actuelle. Ça m’a d’ailleurs un peu rappelé tout le tapage médiatique qu’il y avait eu autour des attentats à Paris en janvier et en novembre 2015 : on était tous rivés sur nos écrans de télévision, pour connaître la suite des événements… avant de retourner à nos vies respectives, comme si de rien n’était. C’est un peu ce qui se passe dans le film : les new-yorkais suivent avidement les événements en direct, mais plus parce qu’ils sont curieux de voir ce qui va se passer (certains en rigolent, au passage). J’ai également pensé à Night Call (avec Jake Gylleenhaal), en regardant Money Monster : il y a effectivement ce côté « requin » de la part des médias, dont chacun cherche à avoir LE scoop en premier (un peu comme Gyllenhaal, en somme). Autant d’autres points positifs qui peuvent vous donner l’envie d’aller voir ce film.
Là où je serai un peu moins tendre, c’est dans le fait que je trouve que Foster aurait pu approfondir les idées suscitées, au lieu d’accumuler les clichés comme elle le fait ici. Ce n’est pas forcément un mal, mais son film aurait pu aisément s’en passer. Néanmoins, grâce à ça, elle rend tous ses personnages sympathiques (les gentils, du moins) aux yeux des spectateurs.
Pour résumer, Money Monster est un agréable film « coup de poing », qui devrait avoir un bon bouche-à-oreille au fil du temps. De quoi lui permettre de réaliser un joli parcours au Box-Office. Du moins, c’est ce que j’espère.