Bien que l’ayant vu récemment, Frances Ha du réalisateur américain Noah Baumbach reste pour moi un joli coup de cœur, un feel-good movie solaire comme on en voit de temps en temps sur grand écran. Mais ce même Baumbach serait-il finalement le réalisateur d’un seul film, comme sa muse Greta Gerwig serait-elle également l’actrice d’un seul rôle ? C’est l’impression que nous donne cette Mistress America bien tiède, après la semi-déception qu’était déjà While We’re Young.
Une fois n’est pas coutume, la question de la crise existentielle est abordée, notamment chez les trentenaires (via le personnage de Brooke), avec, en parallèle, une intrigue sous fond de « je te vole tes idées car tu es trop naïve ». Du déjà-vu, en somme. Le fait de revoir la pétillante Gerwig à l’écran aurait pu me faire apprécier l’ensemble dans son aspect entier, mais l’ensemble en question accuse une mollesse présente du début à la fin. En plus d’un ennui perpétuel, alors que le film ne dure même pas une heure et demie. Sans parler des acteurs qui sont cantonnés à des rôles hyper caricaturaux, qui évoluent eux-mêmes dans des situations hyper caricaturales.
Mistress America pourrait être drôle, honnêtement. Il l’est durant la partie du scénario qui se déroule dans la villa de Mamie-Claire et, d’ailleurs, si le film s’était déroulé comme ça tout du long, j’en aurais été davantage satisfait. Au moins, le film décolle, on s’ennuie moins et on se plaît ainsi à se délecter du jeu d’acteur, de la mise en scène et des dialogues. En passant, celle qui, pour moi, tire le mieux son épingle du jeu est Heather Lind (déjà aperçue dans Demolition) qui, malgré son statut de rôle secondaire, pétille de drôlerie. À l’opposé de Greta Gerwig, qui se contente de remaker son personnage de Frances Ha, malgré son talent certain. Ou des jeunes Lola Kirke (surtout elle), Matthew Shear et Jasmine Cephas Jones qui sont honnêtes dans leurs prestances respectives, mais qui peinent à s’imposer à l’écran.
Et puis, là où Frances Ha arrivait à se détacher du lot grâce à son côté à la fois rétro et moderne, Mistress America séduit moins en allant pourtant dans la même direction. Encore une fois, on s’ennuie et attend que ça se passe, tandis que le scénario ne prend même pas la peine de creuser davantage les situations qu’il introduit au départ. Fade et cliché, tout simplement.
Bref, une histoire trop lisse qui ne vaut pas d’être vue au cinéma, selon moi. Ou alors un après-midi en semaine sur M6, durant la case horaire de 13h30.