L’histoire vraie de Ramon Sampedro, un homme devenu tétraplégique à la suite d’un accident, alors qu’il plongeait dans une marée basse. Depuis trente ans, il se bat contre tous pour obtenir le droit de mourir dignement et légalement. Mais tout le monde n’est pas de son avis, aussi bien son entourage que la justice, ce qui le contraint ainsi à souffrir davantage…
J’avais peur d’un film d’auteur « à la française », avec des acteurs au jeu trop théâtralisé. Mais on dirait presque du Almodovar dans les thèmes abordés et même parfois dans le style. Et oser aborder un sujet vraiment tabou (à savoir l’euthanasie), et résister à la tentation de faire un film tire-larmes (et y avait de quoi !), il fallait le faire, surtout qu’il s’agit à présent d’un sujet de mœurs, quelque chose dont on parle beaucoup actuellement et qui devient à la mode (hélas). Alejandro Amenábar tente d’en faire un débat juste et objectif, et met en scène tous ses arguments envers et pour l’euthanasie (et contre la plupart du temps, finalement).
On pourrait penser que Ramon Sampedro était un personnage devenu égoïste depuis le moment même de son accident, ne voyant plus désormais que les mauvais côtés de la vie et ignorant tout ce que ses proches ont pu lui apporter de bon (et ces derniers le lui faisaient bien ressentir), mais on comprend sa douleur. Si bien qu’on voudrait le voir mourir, non pas par méchanceté, mais juste parce qu’il en a réclamé le droit pendant des années. Le jeu de Javier Bardem (vraiment méconnaissable, rien à voir avec Vicky Cristina Barcelona !), le scénario, les plans et la réalisation d’Amenábar sont, en grande partie, responsables. Jamais je n’ai vu un film aussi poignant que réaliste, surtout sur un sujet de ce genre.
Ce qui pousse également à penser que Sampedro doit mourir, c’est ce douloureux souvenir qui a fait basculer à jamais son existence (j’avais même envie de fermer les yeux à ce moment-là) et son histoire d’amour impossible avec Julia (les seules fois où il peut vraiment la toucher et l’aimer sont dans ses rêves).
Personnellement, avant même de voir vu le film, j’avais déjà mon avis sur la question de l’euthanasie. Mar Adentro n’a fait que conforter davantage mon opinion. Je n’y trouve aucun défaut, mais je reprocherais peut-être à Amenábar de s’être parfois montré trop subjectif dans son argumentation. Mis à part ça, c’est un chef d’œuvre, assez inattendu dirais-je.