Après un « exil » de quelques années aux États-Unis, entrecoupé d’un caméo chez Almodóvar en 2013, Penélope Cruz fait un retour marquant dans le cinéma espagnol, au travers de son rôle de Madga dans le superbe drame Ma Ma. Un rôle qui nous permet alors de retrouver celle qui nous a conquis dans Volver, Vicky Cristina Barcelona et Los Abrazos Rotos (entre autres). Un rôle dans lequel elle est sublimée, une fois encore.
Après la séance, deux choses m’ont frappé : la manière de Julio Medem de relier les scènes entre elles et sa ressemblance avec un autre film sorti cette année (Ma Meilleure Amie, réalisé par Catherine Hardwicke).
Pour le premier point, c’est à la fois assez déroutant et bien trouvé de mettre en parallèle deux scènes, souvent bien distinctes. Dans le même temps, cela donne un certain rythme à l’histoire, qui nous permet ainsi de « prévoir » les réactions de l’héroïne « à l’avance » et d’avoir les mêmes ressentis qu’elle (et ce, à la minute près). Quand on la voit, par exemple, apprendre qu’elle a son cancer du sein et que, en parallèle, on la voit se rendre au match de football de son fils, sans savoir quelle va être la suite pour eux deux. Tout le film est construit de cette manière, ce qui peut perturber le spectateur par moments. Mais de cette manière, on se sent plus proche du personnage de Magdalena et de son entourage.
Concernant la ressemblance avec Miss You Already, elle réside sur plusieurs points : les deux sont des films de femmes, le thème du cancer est dépeint dans un cadre positif et optimiste, les deux œuvres finissent mal (mais pas de la même manière). Mais il y a aussi des différences, notamment le fait que Magda apparaisse d’emblée plus sympathique que Milly (Toni Collette). Et également le fait que ladite Magda prenne de front son cancer, en restant forte tout du long, avec des moments de faiblesse humaine (la scène où elle apprend qu’elle est condamnée est touchante et déchirante). En outre, j’ai aimé la manière (ludique et attendrissante) dont elle préparait son jeune fils à son départ. Tout ça pour dire que j’ai préféré Ma Ma à Ma Meilleure Amie, de ce côté-là.
Ce qui m’a aussi fait apprécier le film dans son ensemble, c’est Penélope Cruz évidemment. Elle porte le tout à elle toute seule, et ce, avec talent et aisance. Le réalisateur Julio Medem la sublime de toutes les manières possibles, que ce soit durant sa phase « sombre » comme durant sa phase « lumineuse ». Son histoire commence, alors qu’elle enchaîne les galères (mariage qui bat de l’aile, maladie qui pointe le bout de son nez) jusqu’à perdre partiellement ce qui faisait d’elle une femme, physiquement parlant. Avant de « renaître de ses cendres », plus belle que jamais. Et le personnage de Magdalena nous prouve qu’elle est bien une grande actrice.
Les trois acteurs qui l’accompagnent sont tout aussi talentueux, que ce soit Luis Tosar, Asier Etxeandia et le jeune Teo Planell. En passant, je ne me souvenais plus du tout de Etxeandia, alias Beni dans la série Un Dos Tres. Et je ne savais pas du tout qu’il chantait. À tort, car il a une très belle voix (dont le timbre est très proche de Pablo Puyol, l’un de ses anciens partenaires). Sa reprise de la chanson Vivir de Nino Bravo est magnifique et émouvante, et très représentative de l’histoire de Ma Ma.
Un défaut que j’ai retrouvé dans les jeux respectifs des adultes : leur tendance à exagérer les émotions négatives qu’ils transmettent au public (les pleurs, par exemple). Ce détail m’a assez dérangé, mais pas au point de ne pas apprécier le film entier.
J’aimerais finir sur un dernier point (en plus de la musique d’Alberto Iglesias) : le dernier plan sur Penélope Cruz. Je n’ai jamais été autant marqué par un plan au cinéma de toute ma vie et celui-là m’a fait un effet tout drôle. Je ne pourrais pas vous expliquer cet effet, mais je trouve que c’est dépeindre la mort d’une gracieuse manière. Rien que pour ce détail, je trouve le film marquant à sa manière.
En quelques mots : j’ai adoré et été ému par Ma Ma !