Les Misérables de Ladj Ly est un film sur lequel je suis très divisé, tellement je n’arrive pas à savoir si je l’ai aimé ou détesté. En sortant de la salle, le malaise remuait en moi. Mais très vite, c’est un sentiment d’énervement qui a pris le dessus. Ce sentiment de voir que, encore une fois, les flics sont les gros méchants de l’histoire, malgré une volonté du réalisateur de départager les torts entre la police et la banlieue (en apparence).
Pour moi, le gros problème de Les Misérables est le personnage de Chris. En effet, je crois aussi que jamais je n’ai vu un personnage aussi détestable et caricatural. Selon Ladj Ly, ce policier semble avoir tous les défauts du monde : il est raciste, sexiste, fait du copinage avec les mecs de la banlieue (pour avoir de la drogue ?) et a épousé une femme musulmane (avec laquelle il a eu des enfants métisses). C’est peut-être moi, mais je n’ai jamais vu autant d’incohérences dans un seul et même personnage. Si le gars est raciste, alors autant aller jusqu’au bout, non ? Mais le pire, c’est l’énorme fossé entre le discours de la commissaire (« Je ne tolère pas les comportements déplacés ! ») et ce que les flics font sur le terrain. Ladj Ly dit s’être inspiré de la réalité, mais là, je n’y ai pas cru une seule seconde. Encore une fois, la police n’a pas forcément le bon rôle et c’est désolant de voir ça au cinéma en 2019. Et je ne blâmerai pas l’acteur, Alexis Manenti, qui se doit se coltiner un tel personnage (il fait ce qu’il peut avec ce qu’il a).
Mis à part ce défaut majeur (selon moi), le film est lui-même est sympathique. Les autres personnages ne sont ni noirs, ni blancs, bien que caricaturaux eux aussi : chacun a sa part d’ombre (à part Chris). Les acteurs s’en sortent très bien, notamment Damien Bonnard et le jeune Issa Perica (qui joue un rôle central dans le film). L’histoire est palpitante, même si la première partie comporte des longueurs et des scènes inutiles (bien que celles-ci servent à planter le décor et les personnages). Il y a plusieurs passages qui m’ont chamboulé, tant ils sont à la fois forts et violents dans leur mise en scène et dans le jeu d’acteur. Le long-métrage de Ladj Ly se conclut d’ailleurs avec un fondu au noir glaçant, qui m’a personnellement figé sur mon siège. Ajoutons à cela la musique qui renforce la puissance du récit, de même que les plans d’ensemble que j’ai trouvé beaux pour ma part. L’aspect docufiction « gâche » un peu le côté « grand spectacle » du film, même s’il est pertinent dans ce contexte.
En résumé, j’ai apprécié Les Misérables en lui-même. Mais le côté caricatural m’a beaucoup énervé, alors qu’il aurait mieux valu être plus subtil de ce côté-là. Ce qui n’en fait pas le film de l’année 2019. Néanmoins, je pense qu’il fera date pour ses passages puissants et marquants.
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