François Ozon divise beaucoup avec son dernier film en date, L’Amant Double. Il a d’ailleurs refait appel à sa nouvelle muse qui est la « jeune & jolie » Marine Vacth, ainsi qu’à Jérémie Renier qu’il avait déjà dirigé dans le drôle et kitch Potiche. Dans L’Amant Double, Ozon passe à la vitesse supérieure et le spectateur que je suis a dû s’accrocher du début à la fin.
En sortant de la salle, plein de sentiments contradictoires se bousculaient en moi. J’étais troublé, émerveillé, choqué, fasciné et rempli d’une certaine perversion coupable et dissimulée… Tout ça à la fois ! Je peux donc comprendre que ce film ait pu diviser. D’un autre côté, il est impossible de résumer L’Amant Double en un seul mot. Il forme effectivement un tout, qui mêle un aspect cru qui s’assume, un érotisme élégant et plusieurs niveaux de lecture intéressants. Le plus frustrant pour moi est que je ne peux pas vous révéler les grandes lignes de l’intrigue, car j’en reviendrais à vous gâcher l’effet de surprise que pourrait vous procurer le twist final. Donc je ne vous donnerai pas mon analyse personnelle de l’histoire, même si on comprend (plus ou moins) l’ensemble une fois la fin arrivée.
Dans un premier temps, L’Amant Double vaut le coup d’être vu pour son duo d’acteurs.
Concernant Marine Vacth, je m’en étais surtout arrêté à son rôle principal dans Jeune & Jolie. Je sais qu’elle a tourné dans d’autres films entre temps, mais je ne m’y suis pas plus intéressé que ça. En tout cas, si je voyais encore le personnage d’Isabelle à la place de celui de Chloé, je trouve finalement qu’elle a su évoluer dans son jeu d’actrice. De ce fait, elle a une véritable présence à l’écran, tandis que la vulnérabilité, la colère et le désespoir se lisent bien à travers ses yeux bleus mélancoliques.
À propos de Jérémie Renier, je ne suis pas un grand fan de cet acteur (pas dans le sens où je le trouve mauvais). En jouant un « double » rôle devant la caméra de François Ozon, je dois l’admettre : il m’a bel et bien impressionné ! Son regard et sa voix « virile » suffisent à mettre l’héroïne « à genoux » (et nous avec). Il incarne ainsi à merveille cette ambigüité qui nous fait méfier de lui à tout instant.
Les deux méritent donc respectivement des citations dans les catégories Meilleur Acteur et Meilleure Actrice aux prochains César, selon moi.
L’Amant Double est également un long-métrage à la beauté inouïe (c’est bien le mot). François Ozon a toujours su sublimer son casting comme les décors dans lesquels ces derniers évoluent. C’est propre et soigné, si bien qu’une remarquable poésie visuelle s’en dégage. Le musée dans lequel travaille Chloé est d’ailleurs plein de sous-entendus pour la suite de l’intrigue, de même que les plans de caméra d’Ozon (notamment lorsqu’il s’amuse à « dédoubler » son héroïne à plusieurs reprises). Et puis, la musique composée par Philippe Rombi est incroyable et prenante ! Je me suis complètement laissé transporté et envoûté par celle-ci, qui fait d’ailleurs mouche lors des scènes clés du film. Là aussi, j’espère que François Ozon et toute son équipe seront récompensés pour leur dur labeur aux César 2018 !
Enfin, L’Amant Double ne cesse de nous prendre au dépourvu, et ce au moment le moins opportun. Comme le personnage principal, on s’enfonce inexorablement dans cette spirale infernale infinie. On ne peut pas l’éviter et, à vrai dire, on n’en ressent pas l’envie. C’est comme une drogue dure qui vous consume à petits feux, dont on a besoin pour se retrouver soi-même et faire son deuil. Je ne vous en dis pas plus de ce côté-là, encore une fois, mais toutes les scènes « éprouvantes » trouvent aussi leur sens à la fin. Y compris le plan de caméra très explicite qui introduit (sans mauvais jeu de mots) l’intrigue du long-métrage de François Ozon.
Pour conclure, l’œuvre de François Ozon n’est pas parfaite, loin de là. Mais elle parvient à séduire progressivement et de manière inattendue. Et pour celles et ceux qui douteraient encore, je vous conseillerais de voir au-delà de l’intrigue première qui est déjà dévoilée dans la bande-annonce… 😉
Je suis plutôt d’accord sur le côté bien filmé, bien joué & cie, en revanche j’ai trouvé que le dénouement final faisait tomber le film complètement à plat… Je suis sortie déçue, avec l’impression d’avoir vraiment perdu mon temps…
C’est dommage, j’aime bien Ozon en général.
Beaucoup ont trouvé que la mise en scène était trop explicative, par rapport à la fin. De mon côté, j’ai adoré ce twist final dans le sens où il m’a permis de « reconstituer » le puzzle après le générique de fin.
Je viens de découvrir ce blog grâce à Kevin (les musiques cultes). Je vais beaucoup au cinéma et j’aime bien tous les rubriques dont tu traites alors je viens de m’abonner à ton blog. Quant à l’amant double, je suis allée le voir au début de l’été, mais je ne m’attendais pas du tout à ça. C’est le Ozon trouble qui surgit dans L’amant double, moins convaincant que dans Frantz ou Sous le sable, par exemple, mais toujours prêt à provoquer le débat.
Je ne m’y attendais pas également ! C’est ce qui fait que j’ai aimé ce film pour ma part ! « Frantz » est bien également : pudique, touchant et beau. Merci pour ton abonnement : tu es ma première abonnée !