Christian Poveda filme durant une heure trente la vie du gang des Maras au Salvador : leur mode de vie, leurs coutumes, les morts qu’ils provoquent autour d’eux…
Sachant qu’il s’agit d’un documentaire, je ne dénoncerai pas des défauts que j’aurais forcément mis en avant s’il s’était agi d’un film cinématographié. Et de l’autre, on pourra reprocher à Christian Poveda de ne pas être assez explicatif concernant certains détails de la vie des Maras. Par exemple, pourquoi sont-ils amenés à vendre des objets volés ? La réponse pourrait être : « parce qu’ils sont pauvres, pardi ! », mais après tout, on n’en sait strictement rien.
On pourrait également reprocher à Poveda sa manie à ne pas aller au bout des choses, à parfois enchainer illogiquement les séquences, mais après tout, on ne connait pas vraiment les conditions de tournage. On peut très bien s’imaginer qu’il risquait sa vie en faisant cela, alors il a sûrement voulu nous montrer le minimum de la chose. Un autre défaut que j’ai constaté : cette tendance à inclure du rap sud-américain dans chaque scène post-fusillade, une tentative ratée de donner davantage de force au film. Les images et les dialogues suffisent à eux-mêmes dans ce genre de documentaire, alors pourquoi venir le plomber avec de la musique (à deux balles, la plupart du temps) ?
Une autre question qui vous vient peut-être à l’esprit : ai-je été bouleversé à tel point que ma surprise en prenait un coup au fil du temps ? Un peu, c’est sûr, mais quelque part, je m’attendais à voir tout ça. Parce qu’après tout, on nous montre tellement de violence, on entend toujours parler de gangs en France qui s’entretuent, que ce que Christian Poveda filme dans La Vida Loca ne m’étonne même pas. Même si j’ai été choqué par certains passages (notamment celui où ils font du porte-à-porte pour récolter de l’argent pour les familles des victimes tuées). Non pas que je trouve ça mal (au contraire, c’est même très touchant), mais je me dis que si je devais voir ça en France un jour, cela signifierait que les Français sont tombés bien bas. J’ai également eu beaucoup de peine pour cette femme qui avait perdu son œil, et qui a galéré pour avoir, ne serait-ce qu’une simple prothèse.
Tout ça pour dire que même si je n’ai pas eu de boule dans ma gorge, même si ce que j’ai vu ne m’a pas forcément traumatisé, La Vida Loca n’en reste pas moins un film juste, qui montre avec beaucoup d’objectivité la vie salvadorienne telle qu’elle est, malgré ces nombreuses ellipses, faites volontairement, son statut de documentaire ne lui permettant d’aller au plus profond des choses (car problème de censure, etc.). Un film qui, je l’espère, ouvrira les yeux à beaucoup de personnes.