L’histoire commence avec Vera, une jeune femme qui semble captive d’on ne sait qui, et ce depuis quelques temps déjà. Sous le même toit, vivent également Marilia, la domestique, et Robert Ledgar, le maître des lieux. Ce dernier pratique des expériences sur la peau humaine et Vera en est le cobaye. Qui sont-ils vraiment et surtout, quel est le véritable intérêt de toutes ces expérimentations ?
Comme toujours, on retrouve dans ce nouveau Almodóvar les thèmes qui lui sont propres (et donc chers) : la mort, le viol, le deuil, la souffrance, la femme qui est sublimée et l’homme qui en est réduit à son statut animal, etc. Mais cette fois, le réalisateur espagnol les aborde de manière bien différente et originale. Et il est vrai qu’à la fin du visionnage, on comprend mieux pourquoi ce film a été beaucoup descendu par les critiques. Car La Piel que Habito n’est pas un film évident à regarder, pour la façon dont son histoire est traitée et mise en scène. C’est peut-être même le film le plus violent et dérangeant que j’ai pu voir, depuis un certain temps !
Forcément, il faut du temps pour que l’on « rentre » dans un film de Pedro Almodóvar. C’est ainsi qu’on ne sait pas trop où le premier quart d’heure nous emmène, puis l’intrigue se dévoile peu à peu et une fois le premier flashback venu, on ne peut plus décrocher de cette histoire si palpitante. Le noyau de l’intrigue se basant principalement sur des retours en arrières, le film n’aurait aucun sens sans eux. Le réalisateur répond ainsi aux questions posées dans le synopsis et honnêtement, jamais je n’aurais pensé qu’il irait jusqu’à ce qu’il a osé nous montrer dans La Piel que Habito. On aura alors beau penser que c’est un gros taré, à l’image de son collègue Lars Von Trier (on n’atteint néanmoins pas la violence injustifiée et insoutenable d’Antichrist), il reste un grand génie à mes yeux. Car adapter une histoire comme celle-là, il fallait vraiment oser le faire !
C’est alors qu’on comprend quel est l’intérêt de chaque personnage et, surtout, comment chacun est plus ou moins lié aux autres. Plus on avance dans l’intrigue, plus on est à la fois intrigué et choqué, tant on ne s’attend pas à ce qui se déroule sous nos yeux. Mais cette même intrigue n’aurait pas pu avoir véritablement pied sans ses acteurs, à commencer par Antonio Banderas. Je peux vous dire qu’il m’a complètement scotché dans ce rôle. Il habite complètement son personnage froid, maniaque et fou à lier. Il forme d’ailleurs un beau couple/duo avec Elena Anaya, qui est aussi énigmatique que lui. Ajoutons à cela les performances respectives des acteurs secondaires : Jan Cornet, Blanca Suarez (dont la ressemblance avec Anaya est troublante et, pour le comprendre, il faut avoir vu le film), Marisa Paredes et Roberto Alamo (tout aussi taré que son collègue Banderas).
Je ne vous en dirai pas plus, car ce serait gâcher votre plaisir de le voir. Mais autant vous prévenir : il faut aimer le cinéma de Pedro Almodóvar à la base et, surtout, il faut vous préparer à être choqué dans tous les sens du terme. Bon, je vous avoue, encore une fois, que je ne m’attendais pas du tout à cela, mais j’ai aimé… comme j’aurais très bien pu ne pas aimer ! Mais si ça peut vous encourager, la bande son et la photographie sont toujours aussi incroyables à entendre et à voir.
En conclusion, ce n’est pas le meilleur film du cinéaste espagnol, mais c’est un putain de bon film quand même !