Avant de vous parler de Juste la Fin du Monde, il faut que je vous dise un truc : je n’aime pas du tout Xavier Dolan en tant que personne. Je le trouve prétentieux et ses discours de vainqueur à Cannes étaient, pour moi, faussement larmoyants et pleins d’arrogance. Je partais donc avec un apriori en allant voir Juste la Fin du Monde. Qui est, je le précise, mon premier film du jeune réalisateur québécois. Eh bien, en dépit de mon aversion pour le personnage, j’ai été transporté par son œuvre.
Pour moi, c’est un film fort en émotions et qui nous bouleverse en long, en large et en travers. Notamment de par son casting et les relations « insistantes » entre les différents personnages. Mais aussi de par la mise en scène et les images. Techniquement, Juste la Fin du Monde est une belle et surprenante réussite, dans le sens où ce n’est pas forcément un exercice de style « m’as-tu vu » de la part du jeune Dolan. Certes, il y a quelques moments de prétention, mais qui sont vite rattrapés par la sincérité qui se dégage de cette histoire de famille déchirée. Il y a aussi parfois des séquences too much, trop larmoyantes. Mais le reste compense, encore une fois.
La direction d’acteur est clairement LE point fort de Juste la Fin du Monde. C’est vrai que, au début, le côté théâtral assumé hérissait mes poils, tant j’ai du mal avec ce genre d’interprétation au cinéma. Mais force est de constater que chacun des acteurs se l’approprie avec force et talent. Ainsi, Marion Cotillard se révèle dans un nouveau style de rôle pour elle : la femme esseulée qui lui colle à la peau laisse place à un personnage « maladroit », qui affiche son malaise face à la situation générale. Tandis que Léa Seydoux nous montre qu’elle est bien meilleure devant la caméra de réalisateurs comme Xavier Dolan et Abdellatif Kechiche. Après, elle conserve ce « truc » qui la rend attrayante chez certains et insupportable chez d’autres. Il y a, en outre, Nathalie Baye, une actrice avec laquelle j’ai beaucoup de mal. Mais elle aussi arrive à nous convaincre de son potentiel.
Du côté des hommes, je n’ai rien à redire : autant Gaspard Ulliel que Vincent Cassel font de la justesse leur deuxième prénom. Ils montrent leurs failles avec aisance (comme leurs collègues féminins) et la scène de la voiture est très forte, de ce côté-là. En fait, toutes les scènes, en duo ou en groupe, sont puissantes. Je n’en trouve même aucune à jeter, à vrai dire.
Pour conclure, Juste la Fin du Monde est une réussite émotionnelle à tous les niveaux. Il y a quelques « couacs », ce désir « incessant » du réalisateur de vouloir partager avec nous ses délires personnels. Il y a également des lacunes au niveau du scénario, des éléments manquants pour comprendre cette rancune qui persiste au sein de cette famille. Mais on ressort quand même bouleversé de la salle de cinéma.