[CINÉMA] Julieta

Julieta - Pedro Almodovar (1)

Ces trois ans d’attente m’ont paru presque interminables depuis le dernier film du cinéaste espagnol, Les Amants Passagers. Une bonne comédie en deçà de ce qu’il avait pu nous proposer ces dernières années (Volver, La Piel Que Habito, Los Abrazos Rotos). Avec Julieta, il s’aventure dans ce qu’il a toujours su faire de mieux, c’est-à-dire de parler de la Femme comme lui seul sait le faire.

En ce qui me concerne, Julieta est loin d’être une déception pour moi. Mais je ne le considère pas comme étant l’un des meilleurs films de Pedro Almodóvar, après l’avoir vu. En effet, je trouve que le réalisateur a moins poussé les éléments de son histoire, que ce soit dans la forme comme dans le fond. En parallèle, on retient une réflexion belle et juste sur le deuil de l’être aimé et la culpabilité quant à ce dernier.

Et c’est bien là que réside tout l’intérêt d’un drame du genre de Julieta. Car tout spectateur, quel qu’il soit, se reconnaîtra forcément en le personnage féminin éponyme, qui devient alors tout à tour amoureuse, mère aimante et endeuillée et femme dépressive. On l’accompagne dans cette chute aux enfers qui est inévitable pour elle, car elle semble être dans un besoin constant de s’accrocher à son entourage (son premier compagnon, sa fille et son nouvel ami), avant de réparer ses blessures une bonne fois pour toutes, via l’écriture. Même si, ici, il s’agit d’une femme, je pense qu’on passe tous par ce genre d’addiction, à la fois saine et toxique pour son entourage. À ce propos, Emma Súarez comme Adriana Ugarta personnalisent parfaitement ces états-là, et ce, avec pudeur, délicatesse et sensibilité profondes.

Julieta - Pedro Almodovar (2)

En outre, un film d’Almodóvar n’en serait pas un sans sa sublime forme. Quand c’est la musique d’Alberto Iglesias qui donne leur poésie sonore aux scènes (il fait décidément des merveilles sous la direction de Pedro), c’est la photographie qui sublime les personnages et les paysages dans lesquels ces derniers évoluent. Il y a aussi les scènes d’amour « animales », qui peuvent choquer par leur crudité assumée, mais qui sont finalement très aldomodóvariennes dans l’âme (une fois qu’on les a « assimilées » telles quelles). La énième preuve que la beauté est synonyme du cinéma de Pedro Almodóvar.

En conclusion, bien que j’aie raté le coche cette année, Cannes aura été un bon cru, avec Café Society en film d’ouverture et celui-ci dans la Sélection Officielle. Mais mon marathon cannois n’est pas fini, loin de là !…

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