La première chose qui me vient à l’esprit en parlant de Joker, c’est sa thématique encore très actuelle (malheureusement). La seconde réflexion que je me fais en pensant à ce film, c’est que je n’aurais jamais pensé m’attacher à ce méchant légendaire et iconique qu’est le Joker. Le long-métrage de Todd Phillips n’a donc pas volé sa réputation, même s’il reste pour moi assez conventionnel dans son scénario.
Mais déjà, je pense qu’on est tous d’accord pour dire que Joaquin Phoenix livre une performance extraordinaire. C’est clairement un candidat sérieux pour les prochains Oscars et ça ne me surprendrait pas qu’il gagne enfin la statuette. En plus, je pense qu’il n’y avait que lui pour incarner un personnage aussi psychopathe et outsider (malgré lui) qu’Arthur Fleck. Ainsi, sa performance d’acteur et l’écriture du personnage aident à apprécier ce dernier. Certes, on ressent un certain malaise en sa compagnie, mais on a aussi de la pitié et de la compassion pour lui. Paradoxalement, on en a beaucoup moins pour un personnage qui nous est, pourtant, apparu sympathique pendant des années (je vous laisserai deviner lequel).
Parlons également de la polémique sur la violence du film. Selon moi, elle est ridicule et n’a pas lieu d’être, dans le sens où les scènes violentes en question sont suffisamment « édulcorées » pour être accessibles au grand public. Et puis, l’explication du pourquoi et comment Arthur Fleck est devenu le Joker est assez simpliste, bien que logique dans son dénouement. Cependant, le film parvient à faire monter la tension dramatique et le basculement obscur inévitable de son antihéros, notamment avec le passage de l’émission télévisée. Personnellement, l’œuvre de Todd Phillips ne m’a pas traumatisé et j’aurais d’ailleurs aimé être davantage chamboulé de ce côté-là.
L’histoire se passant dans les années 80, son réalisateur a donc joué la carte du « rétro » au niveau visuel. On retrouve donc une photographie au grain prononcé, qui est agréable à regarder pour l’œil du spectateur. On note également des jeux de lumière contrastés entre les scènes en plein Gotham (qui sont très sombres) et celles de l’émission animée par Murray Franklin (Robert De Niro) (qui sont très lumineuses). Quant à la bande originale, elle ne m’a pas marqué plus que ça, contrairement à d’autres productions du DCU (comme Wonder Woman).
Contrairement à l’avis général, Joker de Todd Phillips n’est pas le film de l’année 2019 à mes yeux. Il m’a surtout marqué pour le jeu d’acteur grandiose de Joaquin Phoenix. Et surtout, il confirme que, quand le DCU n’essaie pas d’imiter Marvel, ça marche très bien. Donc j’espère que la franchise va garder son côté sombre et virer l’humour Disney dont il essaie de s’accommoder (avec plus ou moins de succès). On verra si ça se confirme ou non avec Birds of Prey.