J’ai entendu parler de ce film par un pur hasard, via une interview de la réalisatrice que j’ai lue sur Allociné. Je n’ai ainsi même pas eu besoin de regarder la bande-annonce pour avoir envie d’aller voir Jeune Juliette de Anne Émond. Et Bon Dieu, quel excellent teen movie ! Jeune Juliette est effectivement un film qui aborde, avec beaucoup de justesse, cette période cruelle et fatidique qu’est l’adolescence.
Déjà, j’ai aimé qu’une héroïne comme Juliette soit au centre du film. En effet, les héroïnes dans les films adolescents ont toujours un physique mince. Cette fois, la réalisatrice a volontairement choisi une jeune actrice obèse pour porter son long-métrage. D’ailleurs, en voyant la photo d’Anne Émond jeune pendant le générique de fin, je me suis demandé si elle n’avait pas « réécrit » sa propre histoire à travers le personnage incarné par Alexane Jamieson. En parlant de cette dernière, elle joue extrêmement bien son rôle. Elle adopte toujours le ton juste quand il le faut, surtout quand son personnage est mal en point. Son jeu d’actrice m’a ainsi ému à plusieurs reprises, ce qui fait que Jeune Juliette est une vraie réussite à ce niveau-là.
Le long-métrage d’Anne Émond aborde également les thématiques classiques propres aux teen movies, comme le harcèlement — Juliette qui se fait traiter de « grosse torche » par les mecs de son bahut —, les premières Amours et l’éveil sexuel (deux thèmes qui vont décidément bien ensemble), l’acceptation de soi et le besoin de trouver sa place. Comme je le disais précédemment, la réalisatrice les traite avec beaucoup de justesse, mais aussi avec beaucoup d’humour et de légèreté. Certes, il y a des passages un peu « durs » devant lesquels il faut s’accrocher, mais Anne Émond est aussi parvenue à mettre en scène d’autres passages à la fois comiques et décalés. Le premier exemple qui me vient en tête est celui de la piscine avec, au passage, le super travail fait au niveau du montage pour montrer les émotions des différents personnages.
En outre, j’ai beaucoup aimé la manière dont Juliette évoluait tout au long de l’histoire. C’est une héroïne attachante, qui est détestable à un moment donné (cf. ses réactions envers ses proches), mais qui finit par admettre ses torts et, surtout, à les reconnaître face à ceux qu’elle a blessés. Je suis souvent exaspéré par les personnages à qui on laisse tout passer (alors qu’ils ont fait des choses parfois impardonnables), sans qu’il y ait de conséquences justifiées et méritées à leurs actes. Or, dans Jeune Juliette, le personnage principal va prendre conscience du mal qu’il a fait, grâce à ses proches qui l’estiment. Son professeur lui sort d’ailleurs une très belle réplique, qui résume parfaitement la morale de l’histoire selon moi :
« Juliette, vous avez tout : là, là et là ! Alors, vous n’aurez pas ma pitié ! »
Enfin, j’ai adoré les influences 70s et 80 s qui planaient sur la réalisation (avec le grain de l’image très prononcé), comme j’ai aimé l’esprit 90s qui influait sur l’histoire. En tout cas, on sent que la réalisatrice s’est beaucoup inspirée des films adolescents de ces époques-là. La bande originale est également intemporelle, puisqu’on peut entendre des chansons issues de ces décennies-là.
Pour conclure, Jeune Juliette est un film solaire qui nous rappelle les « bons » mauvais souvenirs de notre adolescence. Ce long-métrage a bénéficié de très peu de copies en France, donc foncez le voir si votre cinéma le diffuse. Pour moi, il se classe parmi les meilleurs films francophones de l’année passée !