Sorti au mois de janvier dernier, Jane Got a Gun a eu un accueil bien froid de la part des critiques et des spectateurs. En plus d’avoir connu un véritable parcours du combattant, avant même que son tournage ne commence. Filmé en 2013, sa sortie au cinéma a été décalée plusieurs fois de suite, pour que le public ne le découvre finalement que début 2016. Une œuvre au destin maudit, en somme. Et pourtant…
Et pourtant, on ne peut pas dire que Jane Got a Gun mérite tout cet acharnement. Le film de Gavin O’Connor, à défaut d’être original dans le fond, m’a personnellement séduit dans sa forme la plus ravissante. En effet, il s’agit d’un exercice cinématographique qui est esthétique, de par ses décors et sa bande originale. On se plaît donc à voyager au sein du canyon américain, en y retrouvant ce qui fait tout le charme du Far West et ses paysages arides, dont l’ambiance est particulièrement froide ici. La musique, quant à elle, finit de nous transporter dans cet univers à la fois lointain et « féérique », illustrant de manière poétique – voire onirique – chaque scène. Par conséquent, l’aspect technique de ce film est, pour moi, une belle réussite. Malgré la réalisation qui, en dépit de son caractère « amateur », ajoute du charme à cet ensemble bien indée dans l’âme.
Car ça me fait du bien de voir des films à la réalisation simple et épurée. A condition que le reste soit travaillé, évidemment. Ce qui est également le cas pour la mise en scène, le scénario et le casting.
Pour ce qui est de la mise en scène, elle est nerveuse et efficace pour les scènes d’action. Ce qui donne au film des aspects de thriller, par ailleurs. J’avoue avoir du mal à imaginer ce genre côtoyer celui du western classique. Mais le septième art nous prouve de plus en plus que, à l’heure d’aujourd’hui encore, les styles savent se mélanger, le résultat étant ainsi surprenant.
Le scénario en lui-même est intéressant. Plutôt que de se focaliser la chasse à l’homme qui en est le fil rouge, Jane Got a Gun choisit aussi de s’attarder sur ses trois personnages principaux, que sont Jane Hammond (Natalie Portman), Dan Frost (Joel Edgerton) et Bill Hammond (Noah Emmerich). Si ce dernier est mis en retrait (bien qu’on en apprenne un peu sur lui et sur le pourquoi de ses actions), les deux premiers ont chacun droit à une psychologie bien fouillée. On comprend alors pourquoi il y a tant d’animosité pour eux, à quel point ils se sont aimés et ce qui les pousse à s’entraider désormais. Par ailleurs, le scénario souligne bien la différence de ton qu’il y a entre le présent et les flashbacks : là où l’époque actuelle est très sombre au niveau des couleurs, les souvenirs des personnages sont plus lumineux et, donc, plus colorés. Ça en va de même pour la personnalité et les tenues de chacun d’eux, surtout pour Jane.
J’en viens, de ce fait, au jeu des acteurs, plus particulièrement celui de Natalie Portman, puisque c’est elle qui porte le film, aux côtés de Joel Edgerton. Pour moi, son personnage est très intéressant, dans le sens où on nous dévoile toutes ces facettes. Elle est à la fois sensible/féminine et forte/masculine, la différence étant faite grâce à son attitude et aux vêtements qu’elle porte au fil de l’histoire. Elle incarne ainsi une femme très moderne et en avance sur son époque. Soit sûrement l’un de ses meilleurs rôles depuis des années. Les autres acteurs sont bons également, mais c’est surtout elle qu’on retient.
Bilan : du très bon, pour un film censé être tout juste tiède !