Tony Stark est un multimilliardaire fabriquant d’armes, et accessoirement coureur de jupons. Lorsqu’il est fait prisonnier en Afghanistan, il construit en secret une armure qui lui permet de s’échapper, et ainsi de revenir vivant aux États-Unis…
Annoncé comme un film de superhéros innovant, Iron Man se voit néanmoins ampoulé du schéma scénaristique type du film du genre. Tony Stark est l’archétype de l’homme masqué prêt à tout pour servir son pays, mais pour des raisons bien différentes de ses collègues. C’est là que réside l’originalité de l’œuvre de Jon Favreau : à travers son héros « hors du commun », le réalisateur critique ouvertement la politique de Bush, ainsi que l’omniprésence des armes en Amérique et dans le reste du monde.
Si au début, Favreau fait de son homme de fer un héros patriotique, qui œuvre pour la guerre en Afghanistan, à aucun moment il ne ressortira le drapeau étasunien pour justifier les actes courageux (et violents) de Stark. À vrai dire, durant ce premier volet, Iron Man n’est pas vraiment encore un héros, mais plutôt l’homme qui s’apprête à le devenir. Pendant deux heures, on suit le personnage principal se remettre lui-même en question, puis remettre en question les idées pour lesquelles il se battait jusque-là. On le voit également (et c’était inévitable, vu qu’on est dans un film de superhéros) se transformer en Iron Man, avec la conception du costume et les aveux faits à ses proches. Une histoire tout ce qu’il y a de plus classique donc, mais le côté engagé est vraiment inattendu pour un film de cette envergure.
Et c’est là qu’on s’en arrête pour les qualités. Car Jon Favreau, comme bon nombre de ses compatriotes (Sam Raimi, entre autres), se laisse cependant prendre au piège du blockbuster pop/corn. Le scénario, déjà, est affreusement prévisible, et manque ainsi de surprises : on sentait venir gros comme un camion l’histoire d’amour entre Stark et son assistance (du moins le début, et j’imagine que ces deux-là concluront dans le second volet), puis qu’Obadiah Stane (le grand méchant du film) était bien derrière l’enlèvement du héros en Afghanistan. Un scénario en carton, si vous voulez mon avis.
L’autre problème du film, ce sont les acteurs. Tous sont pourtant expérimentés dans leur domaine, mais ici, ils font vraiment le strict minimum. Robert Downey Jr. empêche Tony Stark/Iron Man d’être charismatique (le rôle de Sherlock Holmes prouve cependant qu’il a fait énormément de progrès). Gwyneth Paltrow est vide (elle a pourtant prouvé qu’elle avait du talent par le passé, et ce à maintes reprises). Jeff Bridges n’impressionne pas en PDG avide de pouvoir et sans scrupules. Seul Terrence Howard met du cœur à l’ouvrage, rendant ainsi son personnage très crédible.
En résumé, Iron Man est une véritable déception. Véritable déception, car les critiques et les spectateurs s’étaient accordés pour dire qu’il s’agissait sans nul doute d’un chef d’œuvre. Sauf que finalement, Iron Man est un blockbuster (presque) comme les autres. Reste juste la critique engagée et juste faite à l’encontre de l’Amérique de Bush.