En 2019, j’ai vu neuf films français en tout. Parmi les neuf, peu m’ont vraiment marqué. Et après avoir regardé l’excellent Les Invisibles de Louis-Julien Petit, il était impossible qu’un autre long-métrage français fasse mieux que ce dernier. Eh bien, je me suis trompé : Éric Toledano et Olivier Nakache signent avec Hors Normes ce qui sera sans aucun doute le film français de 2019 (pour moi). En d’autres mots, rarement une comédie dramatique m’a autant fait passer du rire aux larmes en un clin d’œil, et ce plusieurs fois d’affilée.
J’avais adoré Samba (sorti en 2014), mais j’avais été refroidi par Le Sens de la Fête (sorti en 2017). Pour moi, ce duo de réalisateurs excelle surtout dans les comédies dramatiques sociales, dans lesquelles ils mélangent avec brio scènes comiques et scènes dramatiques. Ils avaient réussi ça en parlant d’immigration et de burn-out, ils réitèrent l’exploit avec la thématique de l’autisme. D’ailleurs, il y a un fait « amusant » : les personnages ne prononcent ce mot à aucun moment. Ou alors, ils disent « personnes atteintes de troubles autistiques ». Pour un film avec un sujet pareil, il fallait le faire ! D’emblée, ça incite le spectateur à ne pas être dans le jugement et à s’attacher plus facilement à ces êtres qui sont « hors normes ».
Comme je le disais, j’ai ri devant ce film. J’ai aussi beaucoup pleuré, en voyant ces liens forts se nouer progressivement entre les différents personnages. Deux duos m’ont particulièrement touché et attendri : Vincent Cassel et Benjamin Lesieur (Bruno et Joseph), Bryan Mialoundama et Marco Locatelli (Dylan et Valentin). Le long-métrage parvient ainsi à insuffler de la légèreté à cette thématique pourtant « violente » dans son propos, sans jamais aller dans la lourdeur pour autant. Si un autre réalisateur avait été derrière la caméra, la lourdeur n’aurait pas été effectivement bien loin. Mais avec Toledano et Nakache aux commandes, il n’y avait pas de risque. On rit ainsi des maladresses des personnages avec eux.
Les acteurs sont tous très justes, que ce soit les confirmés (Vincent Cassel, Reda Kateb, Hélène Vincent) ou les débutants (comme Bryan Mialoundama, qui tire son épingle du jeu par rapport aux autres). Le scénario est classique dans sa construction et, même s’il use des clichés qu’on a déjà vus cent fois au cinéma et à la télévision (cf. les jeunes banlieusards qui tentent de devenir meilleurs), ces derniers sont bien utilisés et s’incluent bien dans l’ensemble. J’ai également été étonné par la fin du film, qui laisse l’histoire « en suspens ». On peut supposer que cette histoire se termine bien, mais on sent qu’il y a encore tant de choses à raconter à ce sujet…
En résumé, Hors Normes d’Éric Toledano et d’Olivier Nakache est le meilleur film francophone de l’année 2019, tout simplement.