Note de l’auteur : Cet article contient de possibles spoilers sur l’intrigue du film. Ne pas lire si vous ne l’avez pas encore vu !
À la base, je ne comptais pas aller voir Ghost in the Shell de Rupert Sanders. J’avais apprécié Blanche-Neige et le Chasseur avec Kristen Stewart (malgré ses défauts récurrents). Mais ce nouveau long-métrage ne m’emballait pas des masses. Et comme j’avais une place gratuite, je me suis dit : « Allez, ça doit valoir le coup de voir Scarlett Johansson au premier plan pendant deux heures ! » Et non seulement ça vaut bel et bien le coup, mais cette nouvelle version de Ghost in the Shell est intéressante et sympathique à regarder !
Je sais qu’on a beaucoup parlé du whitewashing lorsque l’actrice qui incarne le Major a été choisie. Oui, effectivement, c’est une actrice américaine (sexy) en vogue qui est en tête d’affiche d’une adaptation américaine d’un animé japonais. D’un côté, je comprends les producteurs qui ont voulu miser sur une actrice mondialement connue, notamment lorsqu’ils ont vendu le film. Et si on n’est pas un fan de la première heure de Ghost in the Shell, on ira (surtout) regarder ce nouveau film pour Scarlett Johansson. On peut également avoir envie de le voir pour l’histoire et l’univers qui nous sont présentés. De toute manière, je pense qu’il faut prendre le film de Rupert Sanders pour ce qu’il est : un divertissement hollywoodien qui remplit bien son cahier des charges. Or si on est un grand fan, on risque d’être déçu. De mon côté, je n’ai pas vu l’animé original, donc je ne pourrai juger que cette nouvelle version.
Pour en revenir au whitewashing, s’il peut être justifié dans un sens, le scénario parvient cependant à se réapproprier cette polémique de manière judicieuse. En effet, dès les premières minutes, on nous explique pourquoi le Major prend les traits de Scarlett Johansson. Et on nous explique aussi pourquoi tous les « robots » du film ont une apparence caucasienne. Personnellement, je le vois ainsi comme une critique de la suprématie des États-Unis: même dans le futur, les américains domineront toujours le reste du monde, y compris dans une nation autre que la leur (ici, le Japon). Il y a effectivement des acteurs japonais dans le casting, qui sont néanmoins au second plan. Cela dit, même les acteurs occidentaux jouent des rôles secondaires, l’ensemble reposant essentiellement sur Scarlett. Je comprends aini la polémique, mais les scénaristes (Jamie Moss, William Wheeler et Ehren Kruger) ont bien su « détourner le problème » selon moi.
Concernant le scénario en lui-même, c’est classique de A à Z. C’est-à-dire qu’il va reprendre tous les gros poncifs qu’on retrouve dans la plupart des blockbusters hollywoodiens récents. Je lui ai même trouvé un côté « Divergente », avec cette histoire de conspiration au sein de l’entreprise Hanka Robotic. Ce qui m’a plu, je dois l’avouer. Je ne mentionnerai pas les dialogues, qui sont écrits avec les pieds. Encore une fois, on ne regarde pas un film du genre de Ghost in the Shell (version américaine) pour ses dialogues, bien qu’ils eussent pu faire un effort sur ce plan-là.
Personnellement, ce sont les éléments suivants qui ont éveillé mon intérêt pour le film de Rupert Sanders : les questions existentielles quant à l’avenir de l’humanité et les relations qu’entretient le Major avec son entourage (notamment avec les personnages de Juliette Binoche, de Pilou Asbæk et de Michael Pitt). Le scénario rejoint ainsi ces deux aspect-là : en effet, même s’il répond à toutes les questions qu’il nous pose, il est intéressant de voir que le personnage du Major va évoluer dans sa quête de soi, grâce aux liens qu’elle tissera avec le Docteur Ouelet (qui la considère un peu comme « sa » fille), avec son coéquipier Batou et avec l’« antagoniste » Kuze. Elle découvrira alors que ses souvenirs ne la définissent pas, de même que son « ghost » lui permet d’être ce qu’elle est (en dépit de son apparence « humanoïde »). Certes, ces thématiques sont vues et revues, mais elles fonctionnent bien dans l’univers de Ghost in the Shell.
Enfin, je ne peux pas ne pas mentionner l’aspect visuel du film. Je le dis : j’ai également aimé Ghost in the Shell pour ses effets spéciaux à couper le souffle. Le fond vert est certainement passé par là, or cet univers m’est apparu comme étant crédible dès le générique d’ouverture. En d’autres termes : c’est beau. Mention aussi à la musique composée par Clint Mansell : elle a su me transporter tout au long du film et donne à celui-ci un aspect à la fois froid et futuriste, de même que « nippon ». Bref, Ghost in the Shell confirme que Rupert Sanders est un maître dans le domaine du visuel cinématographique (à défaut de savoir raconter une histoire à travers un scénario moins consensuel).
Pour conclure, je vous confirme que j’ai passé un bon moment devant Ghost in the Shell (version 2017). Scarlett Johansson fait très bien le job, son charisme naturel aidant beaucoup, et ses partenaires à l’écran jouent tous bien leurs rôles respectifs. L’univers en général est « inédit » dans son genre et nous permet de nous interroger intelligemment. Et puis, le film est tellement beau (j’aurais adoré le voir en IMAX). Pour moi, l’œuvre de Rupert Sanders est un plaisir coupable assumé.