[CINÉMA] Führer und Verführer

J’avais hyper envie de voir ce film, car il traite d’un sujet très connu, à savoir : le nazisme. Notez par ailleurs l’habile jeu de mots en version originale : « Le Führer et le Séducteur » (le second faisant référence à Joseph Goebbels, aka le ministre de la Propagande de Hitler). Un sujet très connu, certes, mais traité dans un angle inédit : le point de vue de ceux qui ont été à l’origine de cette sombre période de l’histoire. Un long-métrage prometteur, en somme. Malheureusement, j’en suis assez déçu.

Après, ça reste une œuvre intéressante à découvrir et à regarder. On découvre ainsi comment Hitler et Goebbels ont réussi à embobiner — c’est le mot — la majorité des Allemands dans le but de leur faire haïr les Juifs. Ça passe donc par des discours politiques, mais aussi par la culture (notamment via les films clairement antisémites). Voir « l’avant » et « l’après » est d’ailleurs très instructif, en témoignent les coulisses du célèbre discours de Joseph Goebbels au Sportpalast en 1943 (qui était clairement calculé de A à Z). Mais voilà, au-delà de ça, l’ensemble est beaucoup convenu.

Déjà, en lisant le synopsis sur Allociné, je m’attendais à ce que La Fabrique du Mensonge (en VF) se concentre sur la période d’avant-guerre (1938-39). Je n’avais même pas vu la bande-annonce qui, sans doute, en dévoilait davantage sur le film. Au final, Joachim Lang retrace la période de la Seconde Guerre mondiale de la perspective des méchants. Ce qui donne un sentiment non seulement de biopic classique, mais aussi, et surtout de bâclage.

En effet, il y a tellement de personnages et d’événements qu’on a du mal à s’y retrouver. Certes, on voit tout ça en cours d’Histoire au collège et au lycée, mais plus d’explications n’auraient pas été de refus me concernant ! De plus, vu que tout tourne autour de Hitler, de Goebbels et de l’épouse de ce dernier, les autres personnages deviennent alors inexistants. En passant, j’ai lu que ces derniers ne ressemblaient pas du tout à leurs vrais homologues et que, par conséquent, ça ne rendait pas crédible le film de Joachim Lang. Personnellement, je vous avoue que ça m’est passé au-dessus.

De plus, Robert Stadlober, qui interprète Goebbels à l’écran, joue ce dernier de manière trop caricaturale. Certes, il ne démérite pas un seul instant et on le sent investi de bout en bout. Mais il veut tellement montrer que Goebbels était pourri jusqu’à la moelle que sa performance manque de subtilité. Et même quand le réalisateur veut humaniser cet antagoniste (notamment via sa relation compliquée avec son épouse), ça n’a pas l’effet escompté sur le spectateur. A contrario, Adolf Hitler, incarné par Fritz Karl, est montré à l’écran de manière beaucoup plus fine. Et surtout, l’acteur parvient à l’interpréter sans le caricaturer pour autant. Limite on n’éprouve pas de la sympathie à son égard par rapport à Goebbels ! Évidemment, Adolf étant Hitler, il « redevient » très vite glaçant et psychopathe. N’empêche que j’ai trouvé meilleure la prestation de Fritz Karl que celle de Robert Stadlober.

En outre, le long-métrage alterne bien entre moments fictionnels et scènes d’archives. Car oui, un vrai travail de recherche et de restitution a été effectué pour coller le plus possible à la réalité, notamment sur la mise en scène et les dialogues. Et il faut dire que ça rend vraiment bien à l’écran, notamment quand on passe de la réalité à la fiction en un clin d’œil (ou en une image, plutôt).

Enfin, j’aimerais rebondir sur le message d’ouverture du film. En effet, le réalisateur veut que nous puissions, grâce à son œuvre, « identifier plus facilement les démagogues d’aujourd’hui ». J’ai envie de lui répondre : « Sérieusement ? Les spectateurs sont-ils trop bêtes pour se rendre compte que Hitler était bel et bien un fou furieux et dangereux ? » J’en ai déjà parlé par le passé ici, mais je n’en peux plus de cette infantilisation générale de la part des médias et des artistes auprès du grand public, quels qu’ils soient. Et procéder ainsi dans un long-métrage comme ça, franchement j’ai du mal à comprendre. Bref, en voulant bien faire, je trouve que Joachim Lang a produit l’effet inverse que celui attendu avec son avertissement.

En résumé, Führer und Veerfürher vaut le coup d’être vu pour son approche inédite du national-socialisme. Mais pour moi, ça s’arrête là.

Et vous, avez-vous vu La Fabrique du Mensonge ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? N’hésitez pas à me le dire en me laissant un commentaire !

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