Mon unique film du Printemps du Cinéma s’appelle Éperdument. Il est réalisé par le jeune Pierre Godeau et réunit deux révélations du cinéma français qui font encore chavirer nos cœurs : les talentueux Guillaume Gallienne et Adèle Exarchopoulos. Dans cet huis-clos amoureux, ils s’enlacent et s’entrelacent, tels deux corps dévorés et meurtris par la passion.
Godeau, à l’aide de sa caméra, filme ses deux acteurs avec un sentiment qui mélange pudeur, perversité et tendresse. On prend alors plaisir à les regarder s’aimer avec animosité et à se détruire mutuellement à petits feux. Mais on a également peur pour eux, peur qu’ils perdent tout (surtout le personnage de Jean). Le fait de nous introduire progressivement à leurs univers respectifs nous aide ainsi à nous identifier et attacher à eux. Les autres personnages, qui virevoltent autour d’eux, nous apparaissent finalement comme étant presque antipathiques, puisqu’ils sont là pour les empêcher de s’ »accomplir » ou pour les aider à se découvrir et se construire.
Il faut dire aussi que, à travers l’œil de Pierre Godeau, on ne voit que Guillaume et Adèle. L’un continue de me surprendre, film après film, tant il arrive à incarner des protagonistes « froids », malgré sa féminité apparente. L’autre ne s’aventure pas vraiment en terre inconnue, puisqu’elle joue un rôle de l’acabit de la jeune fleur qui l’a révélée au public, malgré son talent évident. La bande-annonce laissait présager une belle alchimie entre eux deux et l’on ne s’y trompe pas : ils étaient nés et faits pour jouer ensemble et s’aimer à l’écran. Le film nous donne envie d’ailleurs d’avoir le coup de foudre comme l’une l’a eu pour l’un et vice versa. Ajoutons-y cette photogénie qui ne fait que renforcer la beauté de leurs scènes communes (scènes d’amour comprises).
Là où la faiblesse réside, c’est dans son scénario, qui est linéaire, ainsi que dans sa bande originale, bien trop juvénile pour un drame de cette envergure. Mais ces défauts sont vite oubliables au profit du reste, mentionné ci-dessus.
Éperdument est, par conséquent, un film marquant par son duo d’acteurs irréprochables et par sa beauté visuelle évidente.