El Desconocido (ou Appel Inconnu) est la première réalisation de l’espagnol Dani de la Torre. Un film sorti durant l’automne 2015 en Espagne, lauréat de deux Goya (meilleur son et meilleur montage) et paru en DTV en mai 2016 chez nous. L’histoire de Carlos, un magnat de la finance travaillant dans une banque qui, une fois n’est pas coutume, emmène ses deux enfants à l’école, tandis qu’il est en instance de divorce. Or, il a mal choisi son jour, puisqu’une bombe est dissimulée sous les deux sièges avant de sa voiture.
C’est le pitch de départ d’Appel Inconnu. Soit une course contre la montre en voiture, par téléphones interposés. Avec les personnages habituels que l’on retrouve habituellement dans ce genre de récit : le héros sur qui le sort s’acharne et à qui on s’attache (alors qu’il a des choses à cacher), le méchant détestable qu’on a envie de voir disparaître, l’ex-femme désespérée, les enfants qui ont peur et se raccrochent à leur père, la membre des forces de l’ordre qui veut apporter son aide, l’inspecteur de police qui ne veut rien entendre, etc. Autant d’éléments qui peuvent « agacer » le spectateur, qui attendait un certain renouveau dans le genre. Car le film de Dani de la Torre est bien trop scolaire, de ce point de vue, en plus du scénario et de la mise en scène, qui sont revus également.
Ce qui ne veut pas dire que l’ensemble n’est pas nerveux, encore moins efficace. Malgré quelques longueurs qui peuvent se faire sentir (notamment vers la fin, alors que le film ne dure qu’une heure et demie), on est pris par l’action et se demande quelle va en être l’issue. Est-ce que Carlos va s’en sortir ? Est-ce que le fils de ce dernier va survivre ? Qui est cet inconnu au téléphone ? Autant de questions auxquelles on répond sans mal, en dépit des facilités scénaristiques qui seront utilisées le cas échéant. Me concernant, je suis notamment satisfait de la conclusion donnée au personnage principale : il s’en sort, mais pas totalement indemne non plus.
L’autre point positif d’El Desconocido, ce sont ses deux acteurs principaux : Luis Tosar et Javier Gutiérrez. Le premier joue à merveille le personnage du père/banquier froid, mais qui laisse vite ses faiblesses et son amour pour sa famille prendre le dessus. Le second est parfait en méchant psychopathe et maître-chanteur, prêt à tout pour se venger et qui, de ce fait, n’a plus rien à perdre. Les autres acteurs sont plus ou moins corrects, mais je trouve que certains ont tendance à en faire trop.
Au final, c’est un thriller/policier qui se regarde plutôt bien. Et bien qu’il ne soit pas exceptionnel, je pense qu’il aurait mérité une sortie sur grand écran (même dans un nombre de salles limité). Après, il peut aussi être vu pour la critique (vite faite, il faut le dire) du système financier. Mais bon, là encore, on n’apprend rien de nouveau, on ne fait que constater en revanche.
Pour moi, ce sera tout juste la moyenne.