Avec Dolor y Gloria, Pedro Almódovar nous offre là son plus beau moment de cinéma depuis Volver. Antonio Banderas livre d’ailleurs l’une de ses plus belles performances d’acteur (la palme d’interprétation de Cannes est méritée). On a également la joie de retrouver la plus belle muse du cinéaste, Penélope Cruz, dans un rôle secondaire tout aussi marquant. Douleur et Gloire s’inscrit ainsi dans le style cinématographique bien ancré d’Almódovar, en incluant tout de même quelques nouveautés qui font plaisir.
Déjà, je ne m’attendais pas à autant rire devant un film de Pedro Almódovar. Certes, il y a eu Les Amants Passagers parmi ces œuvres les plus récentes (note à moi-même : faire un rattrapage de sa filmographie restante), ainsi que de beaux moments drôles dans Volver. Dans Dolor y Gloria, il y a autant de passages qui font rire que d’autres qui font pleurer. Pour ma part, j’ai eu beaucoup de frissons durant mon visionnage et j’avais presque envie d’applaudir à la fin du film. J’ai retrouvé ce que j’aimais chez ce réalisateur que j’affectionne tant : les rôles féminins sont sublimés (même s’ils restent « dans l’ombre » ici), la vulnérabilité des personnages masculins est mise à nu et la beauté visuelle du récit en est le premier moteur. Pedro Almódovar est, à l’image de Sofia Coppola, un cinéaste qui sait comment rendre beau ce que le spectateur regarde.
Le film revêt également de beaucoup de pudeur et de cynisme dans son écriture. C’est Almódovar qui raconte son histoire (sans se la raconter pour autant), en y incorporant de la fiction. Il s’amuse à brouiller les pistes et moi, en tant que spectateur, je me demandais souvent où il voulait en venir. Malgré ça, j’ai adoré certains passages :
- Le moment « graphique » où il résume sa carrière, ses soucis de santé et ses problèmes psychologiques ;
- Le « monologue » d’Asier Etxeandia sur scène ;
- Les brèves retrouvailles émouvantes entre Salvador et Federico ;
- L’enfance de Salvador (Pedro) avec sa mère jeune, jouée et sublimée par Penélope Cruz ;
- Le twist final inattendu, qui est un beau clin d’œil à Pedro Almódovar en tant que réalisateur.
Autant de passages qui m’ont chamboulé et remué de l’intérieur (en provoquant des émotions diverses et variées), en somme. Évidemment, je ne peux pas ne pas mentionner la performance des acteurs (même si je l’ai mentionnée en partie au début) : outre Antonio Banderas et Penélope Cruz, j’ai beaucoup celles de Asier Etxeandia (qui contribue bien à la partie comique du film) et de Leonardo Sbaraglia (pour le côté romantique de l’histoire). Ce beau casting ne démérite à aucun instant.
En résumé, il s’agit d’un de mes gros coups de cœur de cette année 2019.