[CINÉMA] Demolition

Demolition - Jake Gyllenhaal

Après la tempête émotionnelle Wild qui, en passant, m’avait bien remué de l’intérieur, le réalisateur canadien Jean-Marc Vallée nous propose d’assister à la renaissance d’un autre personnage, Davis Mitchell, sorti tout droit de la plume scénaristique de Bryan Sipe. Demolition en est le titre et, comme son prédécesseur, met en scène le deuil humain des démons passés.

J’aurais également pu dire « de l’être aimé », mais ce n’est pas vraiment le cas ici. Du moins, la scène d’ouverture – de l’accident – et le début du film nous le laissent penser, jusqu’à ce que Davis balance de but en blanc : « Je n’ai jamais aimé ma femme, sa mort ne m’attriste pas le moins du monde. » Cette réplique est curieuse, de même que cette mise en scène qui met en valeur les objets, quels qu’ils soient. Des éléments, parmi tant d’autres, qui me rendaient dubitatif vis-à-vis de cette nouvelle œuvre de Vallée.

Malgré ces doutes, ce dernier m’a conquis, une fois encore. En effet, bien que Demolition soit différent sur la forme (et pas sur le fond) de Wild, j’apprécie le fait que leur réalisateur ait su se réinventer, tout en laissant son empreinte bien reconnaissable. L’idée que la descente aux enfers du personnage se fasse donc à travers la destruction en tous genres des objets qu’il trouve est originale et bien pensée. Ça change ainsi des clichés habituels, où l’anti-héros se détruit physiquement, en se scarifiant ou en sombrant dans l’alcool et/ou la drogue. Néanmoins, on pourrait penser que les « multiples » blessures corporelles de Davis sont, quelque part, les conséquences de sa dépression liée à la mort de sa femme. Or, de ce côté-là, Demolition n’en fait pas trop, privilégiant justement cette mise en scène « inédite ».

Demolition - Jake Gyllenhaal (2)

Et puis, il y a les personnages, à la palette d’émotions bien variée. D’un côté, il y a ceux qui sont barrés, comme Davis (Jake Gyllenhaal), Karen Moreno (Naomi Watts) et le jeune Chris (Judah Lewis). De l’autre, il y a ceux qui sont empreints de colère et de tristesse, tel que Phil (Chris Cooper). Mais, heureusement, la part belle est faite à ce trio haut en couleurs que forment Gyllenhaal, Watts et Lewis. Si le premier livre une nouvelle performance pleine de justesse et de réalisme, la deuxième convainc dans ce rôle d’adulte légèrement « attardée », qui semble passer à côté de sa vie, tout en en ayant conscience et en ne faisant rien. Enfin, le troisième est la révélation inattendue de l’ensemble, à travers ce rôle « androgyne » et décalé, quelque peu « terre-à-terre » dans sa manière d’être. Là encore, Vallée nous offre sur un plateau d’argent un casting en or.

En quelques mots, Demolition est une pépite de plus à ajouter à la filmographie de Jean-Marc Vallée, après The Young Victoria et Wild.

2 commentaires

  1. Les critiques presse n’ont pas été tendre, les blogueuses sont bien plus enthousiaste. Je suis de ses dernières, j’ai retrouvé la patte du réalisateur, originale, fantaisiste et émouvante !
    Tiens, je ne connais pas The Young Victoria du réalisateur, c’était avant C.R.A.ZY ?

    1. Je n’ai pas du tout lu les critiques concernant les films. Après il est différent de ses prédécesseurs sur la forme – ceux que j’ai vus du moins. Pour « The Young Victoria », il est sorti en 2009 après son premier.

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