Harry traverse sa propre crise de l’écrivain et pour cause : il ne parvient pas à achever son dernier roman. Et pour remédier à cela, il va devoir affronter ses proches (ses ex surtout), qui sont furieux d’avoir vu leur vie plus ou moins brisée à cause des romans du dit Harry. En plus, l’université qui l’a renvoyé lui rend un hommage, et le pauvre Harry ne trouve personne pour l’accompagner. Il ne trouvera qu’une prostituée noire, un ami cardiaque et son fils qu’il a kidnappé à la sortie de l’école…
Même si la philosophie d’Allen est toujours la même, on ne s’en lasse pas pour autant. Et avec une histoire comme celle-là, comment ne pas succomber ?
Parce qu’un long-métrage à la Whatever Works, c’est presque dénué d’intérêt. Un film qui respecte, certes, la charte du réalisateur avec ses quiproquos alléniens dont on se délecte tant, mais qui ne prend aucun risque au final (malgré le concept du narrateur qui parle directement au spectateur). Alors qu’un long-métrage genre Deconstructing Harry, c’est non seulement drôle, rocambolesque, mais soigné, mais c’est également osé et risqué, et ça apporte son plus au cinéma de Woody Allen. Même avec 85 acteurs sous sa direction, Woody ne perd pas la main. Mieux : il s’en sert pour créer des histoires qui se relient toutes entre elles, qu’on soupçonne être inspirées des siennes (et au final, il dit lui-même qu’il n’a plus besoin de se cacher derrière ses personnages pour dire ce qu’il a à dire). Le scénario est, de ce fait, audacieux, mais tout de même maîtrisé. Attention, tout de même, à ne pas se mélanger les pinceaux avec ces nombreux personnages !
Encore un film de Woody le cynique qu’on savoure jusqu’au bout ! Cependant, on est en droit de se demander si un jour, il ne sera pas le premier à se lasser de nous rabâcher la même chose depuis plus de quarante ans…