« La chirurgie, c’est le nouveau sexe. » Cette réplique du personnage de Timlin (Kristen Stewart), tirée du nouveau film signé David Cronenberg, me hante jour et nuit. Non seulement elle est cronenbergiennement — oui, je viens d’inventer ce mot — poétique, mais elle résume également Crimes of the Future. Un long-métrage dont il me sera difficile de parler sans trop vous spoiler l’histoire. Car comme tout film cronenbergien qui se respecte, celui-ci est riche en symboles.
Comme les précédents films de Cronenberg, Les Crimes du Futur m’a beaucoup perturbé. À commencer par la scène d’ouverture, qui suscite forcément des questions de la part du spectateur. Questions auxquelles David Cronenberg répondra au fur et à mesure que le scénario de son long-métrage défilera. D’un côté, tant mieux, car ça nous permet de mieux nous concentrer sur les autres interrogations volontairement laissées en suspens. De l’autre, on ressort du cinéma aussi perturbé qu’à la fin de ses précédentes œuvres.
Dans Les Crimes du Futur, le réalisateur canadien explore notre rapport au corps, via le sexe (une fois n’étant pas coutume) et l’art. Dans cette société « futuriste » pas si éloignée de la nôtre, la douleur n’existe plus et la chirurgie a remplacé le sexe. Si bien que des artistes se donnent en spectacle en se faisant opérer en direct live, tout en appréciant la sensation enivrante que le bistouri leur procure. On fait également la connaissance d’êtres au système digestif hors du commun, symboles de notre consumérisme esclavagiste (regardez le film et vous comprendrez). Bref, dans Les Crimes du Futur, David Cronenberg dépeint l’être humain dans sa noirceur la plus absolue.
Personnellement, en regardant Crimes of the Future, j’y vois une critique acerbe de l’art contemporain dans son ensemble. Cet art qui n’a plus aucune limite (quitte à frôler le surréalisme, cf. la danse de l’homme aux oreilles greffées partout sur son corps). Cet art qui cherche à repousser les limites à tout prix, parce que le public en redemande. Ce même public qui consomme à outrance et qui, frappé d’obsolescence, s’adapte la société dans laquelle il évolue. David Cronenberg vise donc encore l’Homme en plein dans le mille. Et sachant que ses films sont annonciateurs de notre avenir, gageons que Les Crimes du Futur sera actuel dans une dizaine, voire une vingtaine d’années.
À partir de ce postulat étrange et fidèle à ce que David Cronenberg peut nous proposer, le film met en scène des séquences dérangeantes et malsaines. En effet, la caméra de Cronenberg filme les corps éventrés de ses acteurs frontalement, comme pour percer à jour leur intimité. Des passages qui peuvent donner des haut-le-cœur, selon qui les regarde. Néanmoins, ces séquences servent les messages que Crimes of the Future souhaite véhiculer (cf. la scène d’autopsie en public, qui est un des moments les plus forts du long-métrage).
Ces scènes sont magnifiquement servies par le casting du film, à commencer par ses deux acteurs principaux (Viggo Mortensen et Léa Seydoux). Ces derniers parviennent à capter la caméra de David Cronenberg et, de ce fait, à hypnotiser l’œil du spectateur. Les autres acteurs ne sont pas en reste, notamment Scott Speedman, Tanaya Beatty et Nadia Litz. Kristen Stewart, elle, est un peu trop en retrait, même si c’est son personnage qui veut ça (et elle l’interprète bien, malgré tout).
En conclusion, j’ai beaucoup apprécié mon visionnage de Crimes of the Future dans l’ensemble. À l’image des autres films de David Cronenberg, il divisera autant qu’il fascinera et questionnera le spectateur. Selon moi, il sera considéré comme un long-métrage culte dans dix ou vingt ans.
Et vous, qu’avez-vous pensé de ce film ? N’hésitez pas à me donner votre avis en me laissant un commentaire !
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