On clôt définitivement le mois de février 2015, à travers le biopic de Roschdy Zem, intitulé Chocolat. Ou le parcours de vie et de succès en dents de scie de la première personnalité noire à évoluer sur le devant de la scène, tant les mœurs de l’époque étaient encore bien rigides.
Je ne m’attarderai pas trop sur le scénario, qui est convenu au possible. En revanche, je dirai juste un mot sur la mise en scène et les décors : d’un côté, on ressent bien le côté à la fois burlesque et « humiliant » de l’univers du cirque et, de l’autre, on « revit » avec plaisir dans le Paris de la Belle Époque, malgré les nombreux interdits sociaux. Ainsi, derrière les fausses apparences, on ressent le malaise, la colère et l’incompréhension des rares personnes osant sortir du « moule social », sans pouvoir faire quelque chose, cependant.
Moi, ce que je retiens de ce film, ce qu’il va bien plus loin que le « simple » problème du racisme qu’il soulève. Car au-delà d’être une « personne de couleur », Rafael de Leios/Patodos est un être humain avec ses failles et ses complexes, qui nous rappellent les nôtres. Je repense particulièrement à une scène : celle où il se souvient de son père majordome devant jouer au « singe savant » pour faire plaisir à ses employeurs, en se demandant si lui-même ne prend pas le même chemin. C’est un passage que j’ai trouvé très fort, parce qu’il pose la question suivante, que je me pose moi-même actuellement : sommes-nous condamnés à devenir comme nos parents, à être dans les cases dans lesquelles ils nous ont mis dès le départ ? En regardant Chocolat, on peut se dire que oui, étant donné que le personnage-titre a grandi avec ce désir d’être quelqu’un d’autre que celui auquel on le prédestinait, malgré son éternel retour à la case départ. Et si on s’attache à lui, de ce fait, le réalisateur n’hésite néanmoins pas à nous montrer le côté sombre du personnage.
On apprend donc que la célébrité l’a rendu accro à l’argent, au jeu, à l’alcool et aux femmes. Cliché, me direz-vous, mais Roschdy Zem le montre avec un certain recul et de la pudeur. Il n’y a pas ce côté manichéen forcé, qu’on retrouverait dans un biopic américain, malgré ce léger parti pris. En effet, on a ainsi plus tendance à voir Footit comme le « méchant » de l’histoire, en le montrant comme celui qui se sert de son ami Chocolat pour retrouver le devant de la scène. Mais on verra que lui aussi a ses propres failles, et que l’un comme l’autre est condamné à jouer le rôle qu’il incarne pour ne pas trop se faire voir.
Je terminerai cette critique en vous parlant des différents rôles, que ce soit James Thiérrée (incroyable en Footit), Clotilde Hesme (qui méprise les conventions à travers Marie) et Noémie Lvovsky (géniale, comme à son habitude). Il y a ainsi une belle direction d’acteurs touchants, qui rappellent que le cinéma français, malgré son penchant social et démago, aura encore et toujours son élégance théâtrale. Mais c’est évidemment Omar Sy dont on se souviendra le plus de cette fresque romanesque, tant il livre une interprétation sincère et moderne, qui nous rappelle par ailleurs son propre parcours en tant que comédien dans le milieu (même si lui s’en est beaucoup mieux sorti que son homonyme à l’écran).
En conclusion, Chocolat est une belle réussite dans le genre du biopic, en délivrant un message à portée sociale et également intime. En route pour les prochains César ?
Ce film je voulais le voir ! et puis je n’ai pas eu le temps d’y aller. J’espère et j’attends sa sortie DVD avec impatience pour me rattraper. Surtout avec ta critique qui me donne encore plus envie de le voir.
J’ai bien fait d’aller le voir de mon côté, car ils l’enlèvent de l’affiche demain ! Je te le conseille, en tout cas !