Plus tôt dans l’année, j’avais écrit un article sur Kristen Stewart, dans lequel j’expliquais que Charlie’s Angels marquerait son retour dans le cinéma hollywoodien commercial. J’espérais ainsi que les gens la voient autrement que « l’actrice de Twilight qui est mono-expressive et ne sourit jamais ». Sur ce dernier point, on ne pourra pas dire qu’elle fait la gueule dans ce film : elle se lâche bien comme il faut et joue le jeu de la comédie à fond (même si ce n’est pas toujours justifié dans le scénario, mais j’y reviendrai plus tard). Mais comme le film a été un gros échec au Box-Office, personne ne s’en souviendra.
À propos de cet échec, est-il mérité pour Charlie’s Angels d’Elizabeth Banks ? Personnellement, je ne trouve pas. Le film n’est pas pire que d’autres longs-métrages que j’ai vus l’an dernier (même s’il a ses propres défauts bien visibles). D’autres films ont eu un succès fou au Box-Office, sans que ce soit vraiment justifié (mais ça reste mon avis personnel). Certes, personne n’avait réclamé une suite des films Charlie’s Angels sortis dans les années 2000… comme personne n’avait demandé d’autres suites/remakes/reboots (la liste est trop longue pour les citer). Alors, pourquoi s’en prendre au film d’Elizabeth Banks en particulier ? Est-ce à cause de son message proféministe à la limite de la misandrie ?
J’aborde ce point, car ça m’a vraiment sauté aux yeux tout au long du film : cette manie à crier #METOO dans chaque scène et chaque réplique. Ça commence par le rencard entre Kristen Stewart et Chris Pang dans la scène d’introduction :
« Les femmes ne peuvent pas tout faire. Et puis, vous avez de la chance, vous êtes avec moi.
– Oui, parce que je l’ai choisi.
– Non, parce que je vous l’ai demandé. Sans moi, vous seriez malheureuse. »
Encore que là, ça passe grâce au contexte comique de la scène et au jeu d’actrice de Kristen, qui arrive bien à jouer de ses charmes ici. Mais quand on voit le générique de début, qui semble avoir été sponsorisé par l’UNICEF, je me suis demandé quel était le rapport avec Charlie et ses drôles de dames. J’ai fini par tilter à force d’y réfléchir, mais niveau subtilité, on a vu mieux. Ce qui m’a aussi sauté aux yeux, c’est que tous les hommes dans ce film sont soit méchants, soit victimes, soit abrutis. À côté, toutes les femmes veulent sauver le monde en combattant le mal. Moi, je trouve ça très bien et j’adore les films mettant en scène des héroïnes fortes (n’est-ce pas, Elizabeth ?). Mais là, ça passe difficilement, surtout quand l’un des personnages masculins sort un discours bien misogyne comme il faut (alors que ça va à l’encontre même du concept de Charlie’s Angels, notamment de la construction du personnage en question au fil des années). Quant au dernier « twist », je le trouve grossier, tant il est juste là pour enfoncer encore plus le clou du message proféministe.
Pour en revenir au film lui-même, j’aimerais parler du jeu d’actrice de Kristen Stewart. Comme je le disais, c’est bien la première fois que je la vois se lâcher comme ça devant la caméra. Il y a des fois où ça fonctionne bien, car la réplique tombe au bon moment. Et il y a d’autres fois où c’est risible, car elle fait une blague juste pour en faire une (alors que ça n’apporte rien d’intéressant à l’histoire). Franchement, j’ai trouvé qu’elle en faisait des caisses. Mais pour sa défense, Elizabeth Banks la laissait souvent jouer en roue libre et en plus, elle a dû faire ce qu’elle pouvait avec ce qu’elle avait. Pour vous donner brièvement mon avis sur les deux autres actrices :
- Naomi Scott est mignonne comme tout, mais ça ne suffit pas (et sa voix française ne m’a pas aidé à apprécier sa performance) ;
- Ella Balinska s’en est très bien sortie, notamment pendant les scènes d’action (elle aurait fait une excellente Catwoman).
Pour continuer sur le reste du film, c’est très clinquant et girly, que ce soit la bande originale (que j’adore toujours, au passage) ou les décors. Alors oui, Elizabeth Banks a joué la carte du clip show à fonds, mais ça ne m’a pas du tout dérangé (bien au contraire). J’ai d’ailleurs eu l’impression de regarder un nouveau volet de Sex & The City avec de l’action, car les personnages voyagent partout dans le monde ! Les scènes d’action, elles, sont plutôt efficaces dans leur genre et ont su capter mon intérêt. J’ai trouvé qu’elles étaient vraiment bien mises en scène et filmées. J’ai aussi ri en entendant certaines répliques (qui tombaient bien, pour le coup). Quant au scénario, il est plutôt bien construit, mais j’ai eu parfois l’impression que les scènes n’avaient pas de lien entre elles (cf. quand elles dansent à la fête et vont ensuite dans le photomaton). Ça a donc contrebalancé avec les aspects négatifs que j’ai développés précédemment. J’ai donc passé un moment malgré tout, même si mon article peut laisser penser le contraire.
Pour conclure, Charlie’s Angels d’Elizabeth Banks est divertissant, ni plus, ni moins. Et ce long-métrage n’a pas un autre objectif, ce que je ne demande pas personnellement. Je pense le revoir en VOST, pour voir si je change notamment d’avis sur les jeux de Kristen Stewart et de Naomi Scott. Mais j’ai envie de crier « STOP ! » à Hollywood qui nous bassine avec leur politique féministe hypocrite à deux balles (parce qu’on sait que c’est politique, justement). Et à Elizabeth Banks de tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de crier au sexisme (alors que son film vise avant tout le public féminin, c’est elle-même qui l’a déclaré). Et bien que je l’aime bien en tant qu’actrice, elle a du mal à me convaincre en tant que réalisatrice (une autre réalisatrice aurait fait un meilleur boulot à sa place). Ce qui n’en fait pas de Charlie’s Angels un ratage complet pour autant.