Aujourd’hui, je m’apprête à vous parler d’un film d’auteur qui a eu une carrière très discrète Outre-Atlantique : Anesthesia, qui réunit à la fois des têtes d’affiche bien connues (Kristen Stewart, Glenn Close, Corey Stoll) et des acteurs assez discrets sur grand écran (Tim Blake Nelson, Gretchen Mol, Katie Chang). Un petit monde qui cohabite plutôt bien devant la caméra de Nelson, en interprétant des personnages qui nous ressemblent bien plus qu’on pourrait le penser.
Si je suis avec intérêt la carrière de Stewart depuis le premier Twilight, je trouve que son jeu d’actrice a beaucoup gagné en maturité à partir du moment où elle a su s’éloigner du star-system, duquel elle fut prisonnière malgré elle durant cinq ans. Mais si le rôle de Sophie manque peut-être de profondeur, cela ne l’empêche pas de livrer une nouvelle performance pleine de justesse. Anesthesia est d’ailleurs la énième preuve que la jeune Kristen s’évertue à faire des choix risqués, là où on ne l’attend pas toujours. Je le redis encore, au cas où le message ne serait pas passé les autres fois : cette actrice, c’est la relève assurée du septième art !
Et en dehors d’elle, le film a-t-il de l’intérêt ? Eh bien, oui. Et ce, malgré le côté déjà-vu qui en émane fortement. Dans le sens où les histoires des différents protagonistes ressemblent à celles déjà racontées un millier de fois au cinéma. Mais on se prend au jeu et s’attache ainsi à ce mari volage qui rêve d’une seconde jeunesse (Corey Stoll), à ce junkie qui n’a plus rien à quoi se raccrocher (K. Todd Freeman), à cette femme qui noie sa solitude dans l’alcool (Gretchen Mol) et à ce couple qui doit faire face à la maladie (Tim Blake Nelson et Jessica Hecht). Au centre, il y a ce professeur qui voit la vie en rose et se plait à tout remettre en cause (Sam Waterston). Le scénario parvient ainsi à démêler les liens qui existent plus ou moins entre eux, jusqu’à raccorder le début et la fin du film avec une logique intelligente. Car c’est finalement l’intérêt d’un film choral comme celui-là : faire en sorte que chaque événement n’arrive pas par hasard.
En outre, le casting est honnête. Là où le rôle de grand-mère bienveillante scie comme un gant à Glenn Close (dont on se rappelle souvent comme étant Cruella D’Enfer), le méchant d’Ant-Man qu’est Corey Stoll surprend en tant que quarantenaire en pleine crise existentielle, à qui on ne peut pas vraiment en vouloir (en dépit de sa volonté inconsciente de briser son mariage et sa famille). Tandis que K. Todd Freeman est sûrement celui qui nous livre la performance la plus sincère de toutes, tant son histoire fait écho à cette parcelle de nous-mêmes qu’on tient coûte que coûte à refouler.
Sans receler forcément d’une morale finement recherchée, Anesthesia gagne cependant à nous séduire grâce à son honnêteté authentique. C’est un film dont le titre fait de suite écho à son histoire et inversement. Dommage que son parcours dans les salles fut discret…