Dernière palme d’or du Festival de Cannes, Anatomie d’une Chute fait encore du bruit juste avant la cérémonie des Oscars. Personnellement, je l’ai vu le lendemain de son sacre aux César, l’occasion pour moi de voir si le long-métrage de Justine Triet mérite vraiment son succès critique et public. Et si Sandra Hüller mérite également son César et ses multiples nominations dans les autres grandes cérémonies. Réponse : oui !
Après Sibyl — je n’ai toujours pas compris de quoi parlait ce film —, Justine Triet remonte largement la pente avec Anatomie d’une Chute. L’histoire est prenante du début à la fin, même si j’ai vraiment accroché à partir du procès de Sandra (ce qui précède sert surtout à poser l’intrigue et les personnages). Et même si le scénario est linéaire, il laisse planer le mystère en ce qui concerne la mort de Samuel : meurtre ? Suicide ? La fin du film le dit clairement : c’est au public de décider ce qui s’est passé.
(Justine Triet a conseillé de faire attention au chien, qui donnerait le fin mot sur cette histoire.)
Avant de passer à ce qui m’a plu en détail dans le film, j’aimerais aborder un point qui me laisse dubitatif : l’absence du point de vue de Samuel. En effet, Justine Triet décrit surtout le vécu et les émotions de Sandra et de son fils, Daniel. D’un côté, la première est rapidement décrite comme la coupable idéale (si durant la première partie, je n’avais pas de doute sur son innocence, ça a été le cas pendant le procès). De plus, elle est également posée en tant que victime du système patriarcal judiciaire — là, je reconnais bien Justine Triet. De l’autre, le second est le seul témoin de ce qui s’est passé. Il a quelques flashbacks et en même temps, on ne sait pas si on doit lui faire confiance. Alors que pour Samuel, même si on le découvre à travers les intervenants du procès, on n’a pas sa version à lui. Je sais que c’était voulu de la part de la réalisatrice, mais cet aspect-là m’a manqué.
Sinon, j’ai aimé tout le reste. Le casting est impeccable, à commencer, bien évidemment, par Sandra Hüller qui se donne à fond dans son rôle. Milo Machado-Graner (Daniel) est également épatant pour son jeune âge. Mais c’est surtout Antoine Reinartz dans le rôle de l’avocat général qui tire son épingle du jeu, selon moi. Il excelle vraiment dans le rôle du « connard de service » et à chaque fois qu’il lançait une pique à Sandra (dans le film), ça me faisait rire.
Justine Triet propose également une mise en scène et un montage ingénieux, où elle joue beaucoup avec l’image et le son (cf. Samuel qui est doublé par son fils), afin de brouiller encore plus les pistes. Les dialogues sont également savoureux puisque, là aussi, la réalisatrice joue sur les mots et leur signification dans l’intrigue. Bref, l’ambigüité est clairement le maître-mot dans Anatomie d’une Chute.
Pour conclure, Anatomie d’une Chute mérite bel et bien sa réputation acquise au fil de ces derniers mois. Et même si le film de Justine Triet ne gagnait aucun Oscar, il aura eu un très beau parcours.
Et vous, avez-vous vu Anatomie d’une Chute ? Si oui, qu’en avez-vous pensé ? Donnez-moi votre avis sur le film en commentaire !