Sorti début janvier et passé inaperçu, Quelques Minutes Après Minuit (A Monster Calls en VO) est pourtant un chef d’œuvre inattendu. J’avais eu de bons échos par rapport à ce film, qui est adapté du livre du même nom écrit par Patrick Ness (qui est également l’auteur du scénario). Je vous avoue que j’étais curieux de le voir, mais je ne savais pas si ça me plairait suffisamment. Pourtant, j’ai flashé sur cette histoire, qui est écrite subtilement et intelligemment.
A Monster Calls aurait pu lorgner vers le cliché hollywoodien larmoyant et trop voyant. Il y a un paquet de scènes de ce genre et, si le film avait été réalisé par un américain, on serait certainement tombé dans la caricature. Or, derrière la caméra, il s’agit de l’espagnol Juan Antonio Bayona, qui est l’auteur d’El Orfanato (dont j’avais trouvé la fin très belle) et de The Impossible avec Naomi Watts (que je n’ai toujours pas vu). Avant de regarder Quelques Minutes Après Minuit, j’avais oublié que c’était lui le réalisateur et j’avoue qu’il a fallu que je me creuse la cervelle pour me souvenir de qui il était. Et après mon visionnage, je peux vous dire que Bayona comptera certainement parmi les réalisateurs à suivre à l’avenir.
Et c’est pour ça que A Monster Calls est une beauté cinématographique, à mes yeux. Malgré les deux-trois défauts que j’ai pu noter tout du long (j’y reviendrai plus tard), ce film est une perle du Septième Art, tout simplement. Cette histoire de deuil et d’apprentissage de la vie est racontée de manière très originale, avec ce fameux monstre qui vient chaque jour à la même heure pour raconter une histoire au jeune héros, brillamment incarné par Lewis MacDougall.
Ce dernier porte parfaitement le film sur ses jeunes épaules. D’emblée, on s’attache à son personnage, du fait qu’il soit le souffre-douleur de ses camarades, que sa mère soit gravement malade et qu’il entre en pleine adolescence. Grâce à cette performance, il est clair que Lewis MacDougall a de l’avenir dans le métier (et j’espère qu’il saura bien choisir ses prochains rôles). Les autres acteurs sont également très bien, que ce soit Felicity Jones (dont je ne suis pourtant pas fan, habituellement), Sigourney Weaver (qui gagne la sympathie du spectateur au fil de l’histoire) et Toby Kebbell (qui ne joue apparemment pas que dans des navets du genre Fantastic Four). Et puis, il y a Liam Neeson dans la peau du monstre, ce fameux personnage central qui est énigmatique à nos yeux. Si on comprend qu’il sort avant tout « de » l’imagination de Conor, il nous faudra néanmoins du temps pour comprendre pourquoi il est là. C’est ainsi que, par son biais, la psychologie du personnage principal est progressivement épaissi, et ce, de manière « prévisible » (mais intelligente).
Quant aux défauts, c’est simple : on sent bien qu’il s’agit là d’une adaptation tirée d’un livre. Et je dirais que c’est normal, puisque c’est l’auteur lui-même (Patrick Ness) qui est derrière le scénario. J’imagine donc que A Monster Calls (le film) est assez fidèle au roman. Cependant, ça a ses limites car certaines scènes sont assez « incompréhensibles », à première vue. Et je pense aussi que le livre est plus fourni en détail que le film. Mais comme je le disais au départ, on laisse vite ces légères faiblesses de côté, pour être pris par ce qu’on nous montre à l’écran.
En résumé, Quelques Minutes Après Minuit est émouvant dans tous les sens du terme. C’est un conte universel qui parlera au plus grand nombre, de par les thèmes qu’il aborde avec beaucoup de justesse. Et c’est une œuvre que je ne peux que vous conseiller de voir.