Note de l’auteur : Cet article contient des spoilers sur l’intrigue du film. Ne pas lire si vous ne l’avez pas encore vu !
Pour ma défense, je venais de repasser le permis et avais besoin de vider la tête. Bon, je sais qu’il y a d’autres moyens pour ce faire, mais je vous avoue que j’avais envie de jeter un œil à À Bras Ouverts de Philippe de Chauveron. J’avais bien ri en voyant la bande-annonce et me disais que ce serait dans la continuité de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? et de Le Grand Partage (deux autres comédies qui m’avaient agréablement surpris par leur humour efficace). Effectivement, À Bras Ouverts suit cette même direction. Or, cette fois, ça ne fonctionne pas, malgré un bon postulat de base.
Avant de poursuivre votre lecture, sachez que je parlerai plus du film en lui-même que de ce qui l’entoure. Pour ma part, je suis allé voir la comédie de Philippe de Chauveron en me disant que c’était une comédie caricaturale. À partir de là, je sais que je regarde une fiction, qui peut être inspirée de la réalité sur certains points. Je comprends un peu la polémique qu’il y a eu avant et après sa sortie, mais je n’irai pas jusqu’à dire qu’il s’agit d’un film dangereux (vu que je ne me sens pas influencé par les idées qu’il véhicule). Néanmoins, en excluant cet aspect-là, cela n’empêche pas À Bras Ouverts d’être mauvais dans son ensemble.
Pour moi, le film partait bien. L’idée que les gens de la Gauche caviar soient dépeints comme étant bienpensants était bien trouvée. La caricature est d’ailleurs poussée à l’extrême dès le départ, et ce à travers la famille Fougerole. Et quand la famille de Babik débarque chez eux, j’ai beaucoup aimé l’hypocrisie dont fait preuve le personnage de Christian Clavier, tout le monde le voyant désormais comme un « héros des temps modernes ». Jusque-là, l’ensemble fonctionne bien. L’autre point positif d’À Bras Ouverts est son casting : Christian Clavier, Ary Abittan, Elsa Zylberstein et Nanou Garcia s’en sortent bien (malgré ce qu’on leur donne comme rôles à jouer). Seul Cyril Lecomte m’a agacé, puisqu’il joue le personnage lourd dingue du même genre que celui de Vincent Elbaz dans Il a déjà tes yeux.
Pour ce qui est du reste, c’est une caricature navrante qui enchaîne les clichées aussi mauvais les uns que les autres. Aucun des personnages n’évolue vraiment. Pire : ils agissent parce qu’ils sont obligés de le faire. À aucun moment leur pensée n’évolue, malgré le happy-end risible (et prévisible). On parle en d’ailleurs, de cette fin bâclée et pourave ?
Je tiens à préciser que je ne suis pas contre l’institution du mariage en général. Sauf que là, elle est présentée comme étant la solution (inévitable) au « problème » que rencontrent les deux familles : le fils Fougerolle a couché avec la fille de Rabik. Selon ce dernier, celle-ci aurait d’abord dû se marier avec le jeune homme avant de « perdre sa pureté » (comme il le dit si bien lui-même). Il y avait également une autre solution : Rabik défonçait le visage d’Étienne Fougerolle à coups de marteau. Dans tous les cas, la fin ne pouvait qu’être scandaleuse.
Et si ce n’était que ça… Les scénaristes Guy Laurent et Marc de Chauveron ont dû se toucher en pondant leur « scénario ». Je veux dire : certains clichés sur les Roms sont peut-être vrais, mais d’autres sont complètement tirés par les cheveux. Vous n’allez quand même pas me dire qu’ils mangent du hérisson et de la taupe ? Ou qu’ils sont mal éduqués au point de se torcher le derrière avec des livres ? Même si, pour ce dernier point, je pense que c’est pour souligner que les idées faussement socialistes du personnage de Fougerolle sont du vent – j’avoue qu’il y a mieux et plus subtile comme métaphore. Du coup, plus le film avance et plus ce qui est supposé être drôle ne l’est plus. Sans parler du fait que ça parte en vrille d’un seul coup, histoire d’enfoncer le clou via ce sentiment de malaise qui nous gagne progressivement.
Pour finir, la réalisation est digne d’un téléfilm diffusé un soir en semaine sur TF1. Ironie du sort : À Bras Ouverts a été produit par M6 et leur boîte SND. Donc l’un ou l’autre, c’est la même pour moi : de la poubelle sur grand écran. Beaucoup ont critiqué Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ? à l’époque, mais au moins, Philippe de Chauveron avait su aborder la question du racisme avec un certain recul, tout en faisant évoluer ses protagonistes au fil de l’histoire qu’il racontait (y compris celui de Christian Clavier). Cela dit, après À Bras Ouverts, il peut continuer le carnage en adoptant le même point de vue avec la suite de Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu ?, prévue pour très bientôt… Ou pas ! Verra bien qui vivra !
En résumé, regardez ce film chez vous, car c’est ce qu’il mérite selon moi. Et même si vous êtes amateurs de comédies françaises, pas sûr que vous appréciez celle-là…
P.S. : Pour ma défense (encore), j’avais une place gratuite à utiliser.
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