Pour ceux qui espéraient ne plus subir durant un long moment la surmédiatisation de la bande à Will.I.Am et Fergie, qu’ils aillent se terrer au fond d’un puits durant l’année 2011 à venir, car les Black Eyed Peas ne sont vraiment pas décidés à quitter la scène musicale. Fort du succès mondial de The E.N.D. et des singles qui en sont extraits (I Gotta Feeling en tête [c’est d’ailleurs désormais inévitable de ne pas échapper à cette chanson en boîte ou bien durant une soirée]), le quatuor américain décide de récidiver avec The Beginning, qui est la suite (logique, ou pas) de son prédécesseur.
En ce qui me concerne, je n’avais pas trouvé The E.N.D. exceptionnel, et j’ai eu beau l’écouter, puis le réécouter en large et en travers, la sauce n’a jamais pris. D’habitude, je ne suis pas difficile niveau musique, mais là, l’électro et l’autotune à outrance desservaient plus l’album qu’ils ne l’avantageaient en fait. Et avec l’arrivée de The Time, je m’attendais vraiment à un sixième opus aussi mauvais que le précédent.
Parlons-en de ce fameux The Time justement. Déjà, ce qu’il y a de surprenant dans ce titre, c’est qu’il contient un sample d’une des meilleures chansons de ces trente dernières années, à savoir le célèbre thème du film « Dirty Dancing », (I’ve had) The time of my Life. Réentendre ce titre remixé à la sauce électro, et entendre Will.I.Am et Fergie chanter à la place de Bill Medley et Jennifer Warnes constituaient personnellement pour moi un énorme choc (comme beaucoup de monde). C’est sûr, il fallait oser sampler une chanson comme celle-là, afin de tenter de la transformer en un nouveau énième hit club. Bon pour Fergie, ce n’est pas trop un souci, dans la mesure où cette fille sait s’adapter à tous les styles musicaux, vocalement parlant (c’était cependant inutile de saccader sa voix lors du refrain). C’est surtout Will.I.Am le problème. Autant il s’en sort à merveille lors des couplets, autant il massacre (I’ve had) The time of my Life chaque fois qu’il tente de la chanter. Mis à part ce détail, le titre n’est pas mauvais en fin de compte. Disons qu’il faut vraiment réussir à se faire à l’idée que le thème de « Dirty Dancing » a bel et bien bénéficié d’une seconde jeunesse.
Il y a eu aussi le problème du second single, Do It Like This. Jugé plus mauvais que The Time par beaucoup, il s’avère cependant être un des titres les plus sympathiques de The Beginning. Sorte d’Imma Be nouvelle génération, on regrette cependant que Fergie n’ait pas apporté sa touche girly pouf ici. D’ailleurs, la Fergie, on ne l’entend pas beaucoup dans cet album. Il n’y a que dans Whenever (super mid-tempo teinté de guitare sèche, et très bon exercice vocal de la part de la chanteuse), Fashion Beats (qui porte bien son nom, tant l’ambiance glamour y est de mise, et Stacey se mettant à chanter en français est tout simplement un délice pour les oreilles) et The Best One Yet (la moins bonne du lot, car très répétitive et donc très lassante) où elle est vraiment mise en avant. Pour le reste, il faut vraiment compter QUE sur Will.I.Am pour porter l’album. Quant à Apl.de.ap et Taboo… C’est qui eux déjà ?
Le fait que Will.I.Am soit omniprésent dans The Beginning n’est pas gênant en soi. Pour preuve, les titres Love You Long Time, Light up The Night, Someday, Don’t Stop the Party et The Coming sont très bons dans leur genre (car production soignée pour chacun d’eux). Alors que d’autres, comme Own It (ça rappelle It’s a New Day de Will.I.Am, mais en pire [déjà que l’autre chanson n’était pas super à la base…]), Just Can’t Get Enough, Everything Wonderful (d’une banalité incroyable), Phenomenon et Take It Off (le mélange électro/sons orientaux est affreux) sont tout juste inécoutables. Après, il reste les titres pas désagréables à l’oreille, mais pas transcendants pour autant (XOXOXO et The Situation).
Donc pour résumer, si je dois acheter cet album, je me contenterai de la version deluxe. Oui parce que les Black Eyed Peas ont vu les choses en grand pour ce nouvel opus : trois versions, chacune étant agrémentée de titres bonus en plus. Il y a ainsi la version simple (douze titres), la version deluxe (quinze titres) et la version super deluxe (dix-huit titres + un CD où sont réunis tous les singles de The E.N.D.). Par conséquent, chacun trouvera midi à sa porte (un autre avantage pour The Beginning, ce que n’avait pas The E.N.D. encore une fois). Donc si on ne garde que les douze titres de la version simple (les neufs premières chansons + The Best One Yet, Just Can’t Get Enough et Play It Loud), l’album est tout juste bon dans l’ensemble. Si on garde les quinze premiers titres de la trackliste ci-dessus, il s’avère bon. Et si on garde tous les titres sans exception, le résultat s’avère vraiment moyen, étant donné que près de la moitié des chansons relèvent plus du vulgaire remplissage qu’autre chose. Oui je sais, tout ça a l’air bien compliqué. En attendant, c’est toujours mieux que The E.N.D. (oui, j’assume entièrement mon opinion quant à cet album !).