Ce que je préfère dans le R’N’B (anglo-saxon j’entends), ce sont ces chanteurs, très charmants au passage, qui ont la fâcheuse tendance de sortir de grosses prods susceptibles de cartonner aux states ou même ailleurs. Mais hélas, quand on s’appelle Shayne Ward et qu’on vient du Royaume-Uni, il y a peu de chance pour que ça se produise. Pourtant, je suis sûr que s’il avait été un Américain, la tendance se serait sans aucun doute inversée. Car ce beau gosse a tout pour réussir : une belle gueule (ça, je l’ai déjà dit), une voix qui vous fera frissonner une fois montée dans les aigus, un charme naturel qui le rend irrésistible aux yeux de tous (des femmes en particulier) et enfin, des mélodies accrocheuses dignes des gros hits US.
Après un premier album variétoche qui le rendait niais auprès de beaucoup (même s’il s’est bien vendu au final), Shayne a sorti l’artillerie lourde pour nous concocter un second opus résolument R’N’B aux accents d’outre-Atlantique, intitulé Breathless. Et pourtant, à l’écoute de l’extrait du même nom, on avait un peu peur. Mais avec un peu de recul (car il nous en faut peu pour l’aimer notre Shayne), on ne peut plus résister lorsque le jeune homme pousse avec beaucoup d’aisance ses aigus. Un petit Robin Thicke à en devenir en somme, la qualité des chansons en moins. Mais comme je le disais plus haut, Ward a tout du chanteur blanc américain qui peut se permettre un beau carton mondial. A noter que le clip de Breathless (toujours) fait, plus ou moins, indirectement penser au Victimes du Temps d’Omar Chakil, pour le charme exercé sur celui ou celle qui le regardera.
Et pour rassurer ceux et celles qui avaient peur d’un énième album de ballades sirupeuses seulement bonnes pour mémé, à l’exception de quelques ballades très loin des somnifères redoutés, on a surtout affaire à des titres punchy calibrés dance floor et franchement, pour un chanteur à minettes, c’est bien foutu.
A l’écoute du très bon You Make Me Wish (avec en guest une voix féminine qui nous fout immédiatement en chaleur) et de U Got Me So (qui sent bon le hit estival), on se surprend à fricoter avec la fille du coin ou, à défaut, avec la table de son salon. Parmi les autres potentiels singles qui auraient pu être exploités, il y a Tangled Up, Stand By Your Side et Just Be Good To Me, même si ils n’atteignent pas l’excellence des deux titres cités peu avant. Ça ne veut pas forcément dire que j’ai trouvé No U Hang Up et If That’s OK with You mauvais, mais ces derniers ne montrent pas forcément le Shayne qu’on adore, mais plus un Justin Timberlake de bas étage. Il y a également le très pop Some Tears Never Dry, qui se laisse également bien écouter.
Mais là où Shayne excelle le plus, c’est bien évidemment dans les ballades. Et ne croyez pas qu’il n’y ait que dans le troublant Breathless qu’il se donne à fond ! Until You lui donne un côté sensuel qu’on apprécie vraiment (normal, c’est Shayne), tandis que Melt The Snow rappelle les slows R’N’B américains du pauvre, mais en mieux (de plus, ce titre tend même à rappeler Dry Your Eyes de The Streets, en moins déprimant cependant). Reste Damaged, qui surfe dans la veine du faiblard No U Hang Up. Mais encore une fois, ça s’écoute sans problème. De même que Tell Him, sorte de titre gangsta lover plutôt bon.
Avec Breathless, Shayne Ward s’ouvre de nouvelles portes et agrandit de ce fait son cercle de fans. Bon, ça sent quand même le niais par moments, mais avec sa voix de dieu, il peut aller encore plus loin et même se permettre de marcher sur les traces du grand Robin Thicke.