Décidément, l’année 2010 aura été marquée par les retours très attendus de nombreux artistes, hélas ratés pour la plupart. Après, il y a le cas de ceux qui ont sorti un album en 2009 et qui, face au flop ou au semi-succès, décident de récidiver avec un nouvel album. Pour certains, c’est toujours aussi mauvais (ou alors ça la devient) et pour d’autres, ça devient bon (ou alors ça l’est toujours). Shakira, elle, appartient à la deuxième sous-catégorie de la seconde catégorie (vous suivez ?).
Après le bide vraiment injustifié de son excellent She Wolf (soit des influences disco bien maîtrisées), la Colombienne a décidé de faire un retour aux sources avec ce Sale el Sol très hispanique. À la première écoute, on pourrait lui reprocher de trop se reposer sur ses succès précédents (surtout La Tortura, qu’on a dû réentendre un million de fois depuis sa sortie), mais d’un côté, c’est ce qui fait sa renommée. Ensuite, ce nouvel opus contient pas mal de ballades. Là, on se dit également la même chose : trop de ballades tuent la ballade tout court. Mais avec Shakira, le charme finit toujours par opérer.
Sale el Sol démarre avec la chanson du même nom. Une ballade qui démarre en douceur, avant de monter en puissance durant le refrain. Une bonne entrée en matière, qui annonce que la chanteuse est belle et bien de retour, et qu’elle est prête à retrouver le chemin du succès. On enchaîne avec un des gros tubes du moment (dans les pays latinos surtout, ainsi qu’en Europe), j’ai nommé Loca dans sa version espagnole. Et pour une fois, Shakira n’a pas fait la stupide erreur de nous proposer deux versions identiques d’un même titre (sauf pour Rabiosa et Waka Waka, mais j’en reparle juste après) : tandis que Loca en anglais est plus adapté au marché international, Loca en espagnol a vraiment ce petit truc muy caliente en lui. Ce qui le rend davantage meilleur que le remix anglophone.
L’album contient d’autres tubes aptes à avoir du succès surtout en Europe, parmi lesquels : Rabiosa (c’est incroyablement sexy [comme diraient les producteurs U.S. mégalomanes en vogue], dansant et ça transpire le sang chaud latino ; par contre, la version anglaise est inutile), Gordita (un Tortura bis, avec plus de punch) et Addicted to You (la chanson n’a d’anglais que son titre ; encore une fois, ça transpire les rythmes latinos et on a envie de remuer à fond le popotin et les hanches). Et outre le registre latino, Shakira démontre également qu’elle a la rage et le rock dans la peau : Devoción a tout ce qu’il faut pour ridiculiser P!nk (qui est pourtant une des meilleures dans ce domaine), et Tu Boca parvient à arriver au même niveau des excellents Objection/Te Aviso, Don’t Bother et Mon Amour.
Côté ballades, on est également bien gâtés ! Jusque-là, on croyait la chanteuse tout juste bonne à nous faire des Underneath Your Clothes bien gentillets, mais que nenni ! Ici, la colombienne se surpasse pour ce qui est de faire passer des émotions. D’abord avec Lo Que Más (comme quoi, quelques notes au piano suffisent amplement pour faire quelque chose de beau), puis avec Islands (une magnifique reprise qui pourrait être la BO idéale de l’hiver à venir), pour finir avec Antes de las Seis (un titre dans la continuité de Sale el Sol) et Mariposas (la moins bonne chanson de l’album, celle qu’on zappe immédiatement une fois les premiers accords de guitare à peine débutés).
On termine avec Waka Waka, remixé pour l’occasion ici. Même si on adorait déjà la version originale (espagnole, j’entends), le K-Mix est tout aussi plaisant à écouter, et donne une seconde jeunesse à la chanson, dont on ne s’est d’ailleurs toujours pas lassé depuis sa sortie il y a quelques mois. Au contraire de Hips Don’t Lie, qui avait finit par nous rendre cinglés à force d’être matraqué à la radio et à la télévision.
Une fois n’est pas coutume, Shakira fait un sans-faute, en nous démontrant qu’elle a toujours la pêche dans ses morceaux, certes pas très inventifs, mais efficaces. Et la sauce semble prendre du côté des Européens. On n’en demandait pas plus. Merci, Shaki, pour ce cadeau de Noël en avance.