The wait is over ! The wait is over !… Elle croyait sans doute qu’elle nous avait manqués, mais à vrai dire, pas du tout ! Deux ans de matraquage radiophonique et télévisé, ça fait mal à force. On a beau aimer Umbrella (ella, ella, ella !), Don’t Stop The Music (avec son sample de Wanna Be Startin’ Somethin’ de Jackson) et Disturbia (parce que c’est l’une des meilleures chansons pop de ces dernières années), il y a tout de même des limites à notre tolérance. On croyait être enfin en paix, mais Chris Brown l’a frappée (et pour de vrai, en plus), et Rihanna s’est sentie obliger de partager avec nous ses souffrances en se la jouant dark et trash. Soit une nouvelle image à mille lieues de la jeune ado qui chantait Pon de Replay, les cheveux lisses et brillants, puis de la jeune femme classe et brune aux cheveux courts. Aujourd’hui, Rihanna est plus claire de peau, a les cheveux blonds (et en pétard), et chante sa souffrance à travers le monde entier.
En voyant cela, on a forcément envie de rigoler parce que Riri en prosuicidaire, ce n’est pas très crédible au premier abord. Et à la première écoute de son Rated R et de sa chanson Russian Roulette (une ode au suicide), on se dit que tout ça, c’est quand même une belle arnaque, et que la Fenty ferait mieux d’aller se chercher une véritable crédibilité. Mais à la deuxième écoute, on change complètement d’avis (ou presque), et on se met alors à apprécier les treize chansons qui constituent ce quatrième opus. .
Il faut le dire : ce n’était vraiment pas (mais alors, vraiment pas) difficile de faire mieux que les deux premiers albums, d’une nullité infâme. On était par contre en droit de se demander s’il était possible de surpasser Good Girl Gone Bad. Bon, l’album était juste bien pour ses singles, mais quand même. À présent, avec Rated R, on sait que c’est possible. Car le Rated R de Robyn équivaut au Blackout de Britney, soit deux albums tout aussi sombres, la fiesta attitude en moins dans celui de Riri (sauf dans Rude Boy). Car avec Rated R, la chanteuse évolue de manière considérable et si le mélange des genres était un peu raté dans Good Girl Gone Bad, il est bien réussi ici.
Finis la dance, la pop et le R’N’B commerciaux juste bons pour cartonner. Maintenant, le rock et le R’N’B de hautes coutures (vive la métaphore pourrie…) sont de coutumes (et ça rime en plus !). Même si la chanteuse a toujours une voix de canard, et même si les paroles racontent soit la perte d’un amour regretté, soit des envies de violence soudaines. Quand la musique est bonne (bonne, bonne, bonne !), le fait d’entendre Rihanna nous parler sans cesse de ses tourments passe alors en second plan.
Parmi les treize nouvelles chansons qu’elle nous propose, on en retient surtout cinq : Rockstar 101, Russian Roulette, Rude Boy, Photographs et The Last Song. Et là (je vais parler personnellement), je me rends compte que j’aime lorsque les artistes traversent une mauvaise passe, et ressentent donc le besoin de se livrer à travers leur musique. Parce que leur travail n’en est que davantage meilleur que tout ce qu’ils ont pu faire auparavant, et parce qu’on y sent la sincérité. C’est le cas avec Photographs (l’électro à la Ray of Light de Madonna lui va très bien) et The Last Song (une ballade rock qui clôture à merveille cet album, sûrement l’une des meilleures de Rihanna à ce jour). Russian Roulette est à part, tant le titre donne l’impression d’être chanté par une ado en rébellion et crise existentielle (et aussi parce que ce titre a provoqué un buzz énorme), malgré son efficacité évidente. Rockstar 101, lui, est un morceau hip/hop vraiment explosif, et entêtant à cause de ses « … I told you… I told you… » et « Oh Baby, I’m a… Oh Baby, I’m a… ». Quant à Rude Boy, c’est la seule chanson de Rated R qui nous fait oublier que ce dernier est avant tout un ensemble de confessions noires et intimes, un titre R’N’B au potentiel énorme qui succèdera sans mal aux tubesques S.O.S. et Umbrella.
L’album contient également d’autres ballades tout aussi efficaces et envoûtantes que Photographs dans le même registre : Te Amo (qui sent bon l’été, à cause de ses sonorités orientales) et Cold Case Love (un Good Girl Gone Bad version améliorée, et beaucoup plus sincère que ce dernier). Avec ces deux titres, Rihanna nous fait ainsi oublier qu’il n’y a pas si longtemps, elle nous interprétait les infectes Hate That I Love You et Unfaithful.
Parmi les titres « qu’on écoute juste comme ça, même si ce ne sont pas des chefs d’œuvres », on trouve : Wait Your Turn, Hard, Fire Bomb et GL4. Quant à Stupid in Love, elle est aussi infecte que les Hate That I Love You et Unfaithful cités ci-dessus (et en plus, c’est du déjà vu).
Pour conclure, Rated R est la preuve que Rihanna peut faire de bons albums elle aussi (c’est d’ailleurs le premier [et le seul aussi] que j’écoute en boucle sans gerber). C’est également un opus qui ne se veut pas être dans l’air du temps, et dont on ne lassera pas donc au bout de quelques semaines. Avec Rated R, Rihanna réussit un come-back pas forcément très attendu, et qui n’est pas bâclé pour autant. Bravo Riri !