Après la période sombre et controversée qu’a suscitée Rated R, Rihanna met ses pensées noires au placard pour « revenir » (elle n’est jamais vraiment partie en fait) dans un univers coloré. Et pour le coup, elle a décidé de troquer ses crêtes blondes contre des cheveux rouges. Tout ça pour nous présenter son cinquième album (déjà), Loud.
Avec ce nouvel opus, c’est un retour aux sources que Riri effectue. Ce qui fait qu’on a l’impression d’avoir à faire à un Good Girl Gone Bad 2, légèrement teinté de Music of the Sun. Fort heureusement, Loud surpasse largement ces deux derniers en termes de qualité, mais reste cependant en dessous de Rated R.
L’album démarre avec S&M, une sorte de Disturbia bis, et un peu cheap sur les bords. La voix de Rihanna sur ce titre est sexy, et les Nanana ! et I like it ! sont excitants à souhait. On enchaîne ensuite avec le sirupeux, mais efficace, What’s my Name, deuxième single de cette nouvelle ère. La chanson se déguste comme un paquet de marshmallows qu’on dévorerait en un rien de temps et lorsqu’il n’y en a plus, on en redemande encore (comme le reste de cet album d’ailleurs). Ça ne s’arrange pas avec l’explosif Cheers (Drink to That), surprenant dans tous les sens du terme. On ne s’attendait pas d’ailleurs à ce que le titre sample « I’m With You » d’Avril Lavigne (chanson qu’on avait un peu oubliée avec le temps). Et ce qu’on peut dire, c’est que les Yeah Yeah Yeah ! de la jeune rockeuse sont bien réutilisés ici.
Loud regorge d’autres titres tout aussi bons (moins que les trois suscités cela dit). Par exemple, Only Girl (in the World), malgré son emprunt au courant Eurodance actuel, est une chanson très dansante, bien qu’un peu lassante à la longue. Tandis que Man Down rappelle beaucoup la Rihanna des débuts, soit celle qui avait créé la surprise avec Pon de Replay, puis qui avait vite fini dans l’ombre avec son reggae ennuyeux et répétitif. Néanmoins, Man Down parvient à rester accessible au plus grand nombre, même si on sent bien que la chanteuse voulait rendre hommage à sa Barbade natale. Enfin, Raining Men fait penser à Lemme Get That du troisième album, en version améliorée. La présence de Nicki Minaj (qui avait déjà participé au très bon « Woohoo » de Christina Aguilera) y apporte d’ailleurs clairement quelque chose de plus.
Il reste les ballades. Comme on le sait, ballade chez Rihanna est souvent synonyme de ratage (ou à la limite, semi), mais dans Loud, elles passent toutes, plus ou moins. On commence d’abord par l’enivrant Complicated, autre titre s’inspirant du courant dance actuel. Riri y pousse la voix, et l’effet obtenu est plutôt bien réussi. Skin, elle, est beaucoup plus sombre que les autres chansons de l’album, une échappée de Rated R qui est un mélange de GL4 et The Last Song. Love the Way You Lie (Part II) est une pure réussite : mieux que la première version (plus d’Eminem, ou presque), une Rihanna au sommet de son art vocalement parlant, et une instrumentale retravaillée et améliorée pour l’occasion. Pour le coup, ça rappelle beaucoup Alicia Keys, qui avait livré sa propre version (réussie) de « Empire State of Mind ». On termine avec les langoureuses et banales (jolies cependant) Fading et California King Bed, qu’on ne lasse pourtant pas d’écouter.
Rihanna réussit donc sans trop mal à faire la transition entre Rated R et Loud. Le gros risque est qu’on s’en lasse un peu trop vite, une fois l’effet nouveauté passé. Un seul regret : ne pas avoir inclus le tube produit par David Guetta, Who’s That Chick, histoire de dynamiser davantage ce cinquième album.