En faisant cette critique, je m’apprête à prendre quelques « risques ». En effet, je ne connais que très peu Radiohead. Et pourtant, la présence du titre 15 Steps sur cet album m’a poussé à écouter ce dernier. Mais pourquoi donc ? Un retour en arrière s’impose.
Radiohead et moi, c’est comme une histoire d’amour qui a mis beaucoup de temps à fleurir. Il y a eu d’abord l’hymne Creep, que tout le monde connaît. Pour la petite anecdote, le groupe de métal Korn en a fait une superbe reprise acoustique, lors d’un live MTV Unplugged, il y a quelques années. A cette époque, je m’en étais donc arrêté là, en ce qui concerne ce groupe.
Puis, il y a eu la saga Twilight. Et mine de rien, c’est un peu ce qui m’a permis d’en savoir plus sur ce quintette, tout droit venu d’Oxford. D’abord, Catherine Hardwicke a eu la très bonne idée d’illustrer le générique de fin de Fascination avec le fameux 15 Steps. La chanson en question s’avère d’ailleurs être assez entraînante, alors que pour moi, Radiohead est un groupe aux titres « lents et mous » (ça ne veut pas pour autant dire que je dénigre leur travail, loin de là !). Ensuite, les producteurs de la saga vampirique ont eu la bonne idée de faire appel à Thom Yorke (la voix du groupe), qui a donc spécialement écrit et composé Hearing Damage pour le deuxième volet, Tentation. Encore une fois, je suis séduit (surtout par le côté sombre et apocalyptique de la chanson), et elle reste, à ce jour, l’un de mes titres de chevet.
Et donc, par hasard, on me baladant sur le site Amazon (je regardais ce que je pourrais probablement acheter, dans les jours à venir), je tombe sur la page de l’album In Rainbows. Et là, surprise : 15 Steps y figure ! Alors, sans plus attendre, je décide de me procurer ce disque, afin de voir si le reste est dans la même veine que la chanson suscitée.
Et pour tout vous dire, je ne m’attendais vraiment pas à être surpris (dans le sens positif du terme) ! La première écoute m’a donné une impression globale vraiment satisfaisante. Les suivantes n’ont fait que confirmer ce sentiment, même si, à présent, j’aurais plutôt tendance à qualifier cet album de « bon, mais un peu trop mou du genou ». En effet, je pense qu’il faut aimer ce genre musical, sombre et « déprimant », pour adhérer à ce disque. Et si en ce moment, vous êtes au bout du rouleau (j’avoue que c’est mon cas), alors In Rainbows vous parlera forcément.
Ce que je veux dire, c’est que si vous écoutez, par exemple, Videotape, All I Need, ou encore Nude, vous vous retrouvez forcément dans l’ambiance musicale de ces titres (si vous êtes en pleine déprime évidemment, sinon ça ne marchera pas (à mon avis)). C’est ainsi que In Rainbows est un peu comme le remède que vous attendiez, et qui arrive un peu au bon moment, lorsque vous avez juste envie de vous allonger sur votre lit, et de ne plus penser à rien (à l’image de Romain Duris dans L’Auberge Espagnole, qui pensait au son de No Surprises). Personnellement, je fonds très vite devant ce genre de titres (à condition que la ligne musicale directrice soit bien menée) et, même si j’écoute de la pop commerciale, il m’arrive parfois de m’éloigner de ce que j’aime pour trouver mon compte dans quelque chose de nouveau.
Ce que j’aime beaucoup dans In Rainbows, c’est que son ambiance est à l’image de son titre : un arc-en-ciel musical, teinté de mélancolie la plupart du temps, mais avec également une touche de « dynamisme ». Ainsi, quand j’écoute Bodysnatchers, je pense immédiatement sans le vouloir au brut et très lourd Versions of Violence d’Alanis Morissette et au dernier album de Muse, The Resistance (alors qu’il sortira trois ans après l’album des Radiohead, pourtant). Tandis que, lorsque Weird Fishes/Arpeggi passe dans mes enceintes, j’ai tendance à penser à Pulling Our Weight des Radio Dept et à Ceremony des New Orders (tous deux utilisés pour la bande originale du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola). All I Need, lui, me rappelle le fameux Creep, en peut-être plus calme et plus doux.
Néanmoins, il ne faut pas tellement chercher à vouloir définir cet album et les dix titres qui le composent. C’est un disque que l’on écoute, juste parce que le style nous parle à nous, et pas seulement parce qu’on aime juste ce qu’on entend. En ce qui me concerne, je vous le dis : rares sont les albums qui me font juste vibrer de cette manière et, lorsque c’est le cas, eh bien j’en profite, peu importe les raisons. C’est loin de ce que j’écoute habituellement, certes, mais pourquoi devrait-on se priver de quelque chose qu’on aime, finalement ? Cela dit, pour moi, In Rainbows est le genre d’album qu’on écoute à une période donnée, avant de le ranger au fond du placard, pour l’en ressortir à un moment précis. Et c’est vraiment le seul défaut que je peux lui trouver. Pour le reste, tout est parfait.