Quand Pink (ou P!nk, à vous de voir) se la joue « fille larguée déprimée », ça donne un album étonnamment bon par rapport à son prédécesseur, à savoir I’m Not Dead, avec ses chansons qui puaient le commercial à plein nez et dont le côté fun et léger ressortait davantage (malgré de sacrés bons morceaux, comme Stupid Girls ou encore Dear Mr Président). Or après sa rupture (inattendue) avec Carey Hart, voilà qu’elle décide de nous ressortir les morceaux déprimants de son tiroir et il faut constater que c’est un bon filon ! Et dites-vous le bien : lorsque la chanteuse est dans cet état, son travail artistique n’en est que plus personnel et donc, meilleur que ce à quoi on s’attendait.
C’est sûr : Funhouse est loin du très bon Missundaztood, mais il se permet tout de même un peu de violence, limite voire de trash attitude, dans certains titres, du genre Sober, So What ou It’s All Your Fault. Et même quand il y a des chansons volontairement larmoyantes (I Don’t Believe You, Glitter in the Air), on aime. Pour le dire autrement : Funhouse se consomme lorsqu’il est frais et se consomme encore avec plaisir un an après sa sortie, sans être périmé pour autant.
Qu’on écoute cet album ou bien celui d’une autre chanteuse « girl power » (aka la fille qui se rebelle contre tous, revendiquant sans peur son indépendance), la différence est que Pink continue d’avoir cet univers qui lui est propre, bien qu’elle ait été elle aussi piquée par la mouche « pop/rock bon marché ». Mais la voir se faire prendre nue en photo par les paparazzis dans le clip de So What revient à dire que c’est du Alicia Moore tout craché. Et même dans des titres plus déprimants, on ne peut que constater que c’est du P!nk. On aura donc beau dire tout ce qu’on veut sur cette fille, il n’empêche que tout ce qu’elle fait (ici, en l’occurrence), c’est bien !
On trouve de tout dans Funhouse, de l’excellent (surtout) comme ce qu’on ne retiendra pas forcément. Il y a Please Don’t Leave Me, LE hit par excellence qui est à voir avec son clip (un hommage amusant aux séries B hollywoodiennes) ; Funhouse, le genre de titre qui vous mettra de bonne humeur le matin, jusqu’à vous faire danser sans le vouloir ; Crystal Ball, une chanson acoustique qui prouve qu’Alicia est une chanteuse aux multiples facettes ; Ave Mary A, un morceau vraiment puissant et punchy ; et Sober, le trash féminin à l’état pur ! On peut également citer I Don’t Believe You (une ballade à retenir dans la discographie de la chanteuse), Bad Influence (qui nous donne envie de secouer la tête, à la manière des métalleux) et So What (parce qu’on a tous aimé la chanter, et ce malgré l’air entendu déjà maintes fois).
Restent donc les chansons pas forcément inoubliables : One Foot Wrong (c’est sympa, mais pas excellent non plus), Mean, It’s All Your Fault (du déjà vu), Glitter in the Air (dans le genre ballade, I Don’t Believe You est mieux) et This Is How It Goes Down.
Avec ce cinquième album, P!nk surprend dans le bon sens et remonte ainsi dans l’estime de ceux qui avaient été réfractaires au trop mousseux I’m Not Dead. Funhouse est, en d’autres termes, l’album de la rédemption. Mais attention à ne pas se laisser prendre au piège de la pochette « funky » (vraiment belle et attrayante, il faut l’avouer), qui trompera tous ceux qui s’attendraient à quelque chose de léger.