Après le très moyen Avant que l’ombre…, Mylène Farmer nous propose un album pop/électro, donc plus commercial. Il faut dire que depuis sa longue absence, la « prêtresse » (comme l’ont surnommée ses brebis galeuses fanatiques) ne semble plus qu’être l’ombre d’elle-même. Celle qui, autrefois, nous avait servit les tubes L’âme -Stram-Gram et autres Désenchantée et California, et faisait office d’ovni dans un paysage musical français trop pauvre, ne nous pond plus que des fades et mauvais Derrière Les Fenêtres, Redonne-Moi et j’en passe. Et à vrai dire, à part ses fans, on ne l’attendait pas avec grande impatience, tellement qu’on fut surpris par l’arrivée soudaine et imminente du clip de Dégénération.
Et là, c’est l’extase ! Ce qui apparaissait comme un morceau sans queue ni tête, où la chanteuse se contente de répéter pendant plus de cinq minutes : « … Sexy coma, sexy trauma… Coma des sexes, des styxs, extatiques… » et autres bribes insignifiantes, s’avère être un tube électro psychédélique en puissance. On s’attendait donc à l’album qui aurait dû annoncer LE come-back. On restera finalement un peu sur notre faim, même si on est désormais loin de l’ère précédente ratée et bâclée de surcroit (et encore heureux !).
Bon, on le sait : Mylène n’a aucune intention de se réinventer, tant qu’elle peut se remplir les poches avec des éditions à tout va, que ses fans les plus fidèles tenteront de s’arracher avec avidité. À l’écoute de Point de Suture — encore un titre qui laisse présager une ambiance morbide et gothique à souhait —, on devine très bien également qu’il lui suffit de reprendre des bouts de mélodies d’anciens titres qui ont fait ses heures de gloire, de les remixer à la sauce dance actuelle et enfin de faire croire qu’elle a tout donné toutes ses tripes dans ce disque en chialant comme une merde (une fois n’est pas coutume) aux NRJ Music Awards, après avoir (encore) raflé deux ou trois récompenses. Parce qu’il y en a qui ne sont pas dupes Mylène ! Mais on ne t’en veut pas, puisque ton album s’avère étonnamment bon.
On avoue avoir éclaté de rire à la première écoute d’Appelle Mon Numéro (qui ne s’est jamais tapé un délire dessus, je vous le demande) et de s’être endormi pendant Point de Suture (le titre). On a aussi trouvé ridicules ou désagréables Je m’ennuie (tu t’es trompée d’époque on dirait, mais à ton âge avancé, on peut comprendre) et Sextonik. Et même si Looking For My Name, Si j’avais au moins…, Appelle Mon Numéro et Paradis Inanimé s’inspirent entre autres des très bons Mylènium, Avant que l’ombre…, Pourvu Qu’elles Soient Douces et Désenchantée, ça ne nous empêche pas de les apprécier à leur juste valeur. Cependant, on retiendra essentiellement Dégénération, C’est dans l’Air et Paradis Inanimé côté chansons à gros potentiel tubesque.
Point de Suture, à défaut d’être marquant, ravira les fans (encore eux) et les amateurs de musique dance pour tapettes. Et comme Mylène nous a imposé cela, il faudra bien s’en contenter.