Madonna a décidé de faire parler d’elle en cette année 2015 ! Même si tout ne s’est pas déroulé selon son bon souhait, la chanteuse a néanmoins tenu à défendre son nouveau-né, Rebel Heart, face aux médias et au public. Et il faut dire que ça fait plaisir de la voir promouvoir son travail avec acharnement, ce qu’elle ne faisait plus depuis dix ans ! En outre, beaucoup s’accordent à dire qu’il s’agit de son meilleur travail musical depuis des lustres. Moi aussi, j’ai envie de dire un mot sur ce disque bien rempli ! Voici donc ma critique du dernier opus en date de la Madone, titre par titre, comme toujours. C’est parti !
1/ Living for Love : C’est le titre qui ouvre ce treizième album. C’est aussi le titre qui a de suite fait mouche chez moi, en écoutant les démos. Et c’est enfin le titre qui annonce un véritable retour aux sources pour Madonna. En effet, si 4 Minutes et Give Me All Your Luvin’ étaient trop impersonnels, Living For Love revête d’une empreinte madonnesque très forte, ce qui le rend finalement assez intemporel. Ce Rebel Heart démarre donc très bien !
2/ Devil Pray : Le retour aux sources se poursuit avec ce deuxième titre, qui est le Miles Away de ce nouvel album. On pourrait même remonter beaucoup plus loin dans le temps, avec la folk/électro d’American Life et de Music. Devil Pray a été un coup de cœur immédiat chez moi, à sa parution en décembre. Pourtant, quand je l’écoute aujourd’hui, je le trouve bon, mais moins que d’autres chansons de l’album. Cela dit, j’apprécie de voir la Madone nous offrir, maintenant encore, des titres de ce genre.
3/ Ghosttown : Pour vous l’avouer, j’ai détesté ce titre en premier lieu. Puis, je me suis mis à l’apprécier au fil du temps, à sa juste valeur. Mais c’est écoutant l’album en version CD, sur ma chaîne Hi-Fi, que j’ai véritablement apprécié Ghosttown à sa juste valeur, que je l’ai véritablement « ressenti ». Et puis, l’explication de Madonna au Grand Journal à ce sujet ne l’a rendu que grandiose à mes yeux.
4/ Unapologetic Bitch : Première chanson « immature » de Rebel Heart… Du moins, à première vue. Car, si les paroles tendent à nous faire croire que Madonna tient à ne JAMAIS vieillir, et que l’on s’attend à un titre dans la veine musicale de MDNA, on a plutôt droit à une production épurée, mélange d’Erotica, de Bedtime Stories et de Hard Candy. Ce qui n’est pas plus mal, au final. Après, il est clair qu’il y a un certain côté enfantin dans Unapologetic Bitch, que la chanteuse semble assumer clairement. Malgré tout, elle se plaît à nous proposer des titres « calmes » sur ce disque, et c’est tant mieux !
5/ Illuminati : L’ »immaturité » musicale et artistique de la Madone semble vouloir se faire un nid dans ce treizième opus… Malgré ce défaut apparent, Illuminati s’avère être pour moi un petit addictif sympathique, provoqué par sa voix. En effet, j’avoue adorer la manière dont elle « modifie » son timbre ici, un peu comme dans la chanson Rescue Me (sans le côté forcé et nerveux). En outre, la production peut paraître lourde à certains moments, tout en rappelant Some Girls de MDNA. Mais elle s’avère être un petit délice pour mes oreilles. Pas un coup de cœur, mais presque !
6/ Bitch I’m Madonna (feat. Nicki Minaj) : Avec cette sixième piste, on voit ce qu’est devenue Madonna : une chanteuse qui court désespérément après la jeunesse éternelle… et qui s’enfonce dans des délires qu’elle seule peut comprendre. C’est une chanson que j’ai énormément eu du mal à aimer, ne serait-ce qu’un peu. À cause de tout ce qui la fait : les paroles, la musique et l’intervention de sa grande amie Nicki Minaj. Et quand on écoute le reste de Rebel Heart, on voit clairement que ce titre y fait tâche (comme les autres up-tempos de l’album). Malgré tout, on se surprend à trouver « agréable » Bitch I’m Madonna au fil des écoutes, sans pour autant fondre de plaisir. Un rejet de MDNA, sans doute, et ça se ressent. Clairement l’une des chansons les moins bonnes de ce disque.
7/ Hold Tight : Voici, à présent, la chanson entêtante de l’album, j’ai nommé Hold Tight. À l’instar de Devil Pray, c’est à la fois énergique et « calme ». Mais, en plus de ce dernier, c’est dansant. Dans le sens où, quand on l’entend chanter « Everything’s gonna… », suivi de l’instrumentale pop/électro, on a envie de remuer la tête au rythme du titre. Une chanson efficace, qui mériterait bien une sortie en single.
8/ Joan of Arc : On se repose un peu, avec la douce et jolie ballade qu’est Joan of Arc. Une ballade qui me rappelle beaucoup ce que pouvait proposer Madonna à l’époque de l’album True Blue : Papa Don’t Preach, Live To Tell. Soit un titre qui deviendra intemporel avec le temps, à coup sûr. Vocalement parlant, elle revient à ses fondamentaux, et ce, pour notre plus grand plaisir. Une chanson calme et reposante, parfaite pour faire l’interlude avant le prochain up-tempo de l’album…
9/ Iconic (feat. Chance The Rapper & Mike Tyson) : Et ce nouvel up-tempo, c’est le délicieux et élégant Iconic ! Délicieux pour ce cri (que je qualifierais de « déchirant »), qu’on entend tout au long du titre, à intervalles réguliers. Élégant pour la production électro/urbaine lourde, qui transforme ainsi la voix de la Madone en celle d’un robot, qui assume alors ce qu’il est. La présence du rap de Mike Tyson s’avère être judicieuse, apportant ainsi un plus au titre. Une carrière dans les radios urbaines est donc plus qu’envisageable pour cette chanson.
10/ HeartBreakCity : On enchaîne avec une nouvelle ballade, plus mélancolique cette fois, aussi bien sur le ton vocal que sur le ton musical. Ici, la Madone laisse son côté nerveux prendre le dessus (« I curse the day we met, this memory is haunting me, I wish I could forget »), et ça fait du bien de l’entendre chanter ainsi. Ça me ferait presque penser à la bande originale concept I’m Breathless (He’s a Man, entre autres) !
11/ Body Shop : On pensait que les sons sucrés étaient réservés aux plus jeunes, du genre Katy Perry et Ariana Grande… On pensait aussi que la Madonna innocente, mais coquine tout de même, appartenait seulement aux années 80… Or, la voilà de retour, le temps d’une appétissante sucrerie, où on la prendrait presque pour Kylie Minogue lorsqu’elle murmure « I hear you work at a body shop », et où on croirait entendre les productions délicates de Bedtime Stories. Assurément l’une des chansons qu’il faut retenir de ce Rebel Heart, qui s’avère être, pour le moment, haut en couleurs.
12/ Holy Water : Et voici mon tout premier véritable coup de cœur de ce cru madonnesque 2015 ! À ma première écoute, je n’ai retenu qu’une seule chose : le sample de Vogue (« Ladies with an attitude… »), qu’elle a réutilisé judicieusement et intelligemment, et qui s’intègre ainsi parfaitement à ce Holy Water si « classieux » dans son ensemble. J’imagine même déjà un clip pour l’illustrer : une Madonna habillée et jouant à la Marilyn, tout en chantant malicieusement « Kiss it better! Kiss it better! Don’t it taste like holy water? », entourée de convives sirotant de l’eau bénite dans une église. Avant de chuchoter bruyamment « Yeezus loves my pussy best! », en faisant un clin d’œil coquin à la caméra. Un hit R’N’B/POPesque comme je les aime !
13/ Inside Out : Après le sulfureux, place au sensuel ! Encore une fois, c’est une production madonnesque, avec une voix madonnesque… Bref, une chanson que seule Madonna pouvait chanter. On sent, encore une fois, un son pop et urbain à la Bedtime Stories, qui est suffisamment « en retrait » pour laisser la voix de la chanteuse s’exprimer comme il se doit. En tout cas, je suis content de voir que la Madone sait encore être musicalement elle-même !
14/ Wash All Over Me : On revient à la mélancolie musicale, avec le calme et troublant Wash All Over Me. Une mélancolie que je qualifierais de classieuse, dont seule la Reine de la Pop a le secret. Cette ballade me rappelle d’ailleurs Live To Tell, le caractère intemporel en commun, le côté 80’s en moins. Décidément, la chanteuse aime nous rappeler qu’elle peut également nous proposer des ballades de qualité !
15/ Best Night : La Madone semble beaucoup chérir le genre musical sucré, celui qui a une profondeur et une maturité musicales évidentes. Encore une fois, elle revête d’une voix à la Kylie Minogue, où elle chante/murmure le refrain de Best Night avec une élégance retenue. Un son soyeux, comme elle ne nous en avait pas proposé depuis des années.
16/ Veni Vidi Vici (feat. Nas) : Voici un autre de mes titres favoris de ce treizième opus. Le début semble annonce une production hip-hop assez lourde, mais une fois de plus, c’est sur une mélodie dénuée de toute fioriture que Madonna raconte fiercely son parcours du combattant. Elle le chante à la fois avec force et recul. Cela me fait d’ailleurs penser qu’elle n’a jamais usé de ce timbre-là, sur aucun de ses précédents albums. Comme quoi, elle arrive toujours à innover, après trente ans de carrière. Quant à la présence de Nas, si elle n’était pas vraiment indispensable, elle apporte néanmoins une certaine plus-value à la chanson.
17/ S.E.X. : Erotica est un opus que la Madone a toujours porté dans son cœur, tant il représentait énormément de choses à ses yeux. Tellement qu’à l’époque, elle a fait une chanson, pour se moquer de tous ceux qui l’avaient descendue à cause de ça… Dix-sept ans plus tard, elle décide de rendre hommage à cet album, via la chanson S.E.X.. Du moins, je le vois ainsi, comme un hommage parolier et musical, dans lequel elle s’adonne à son thème de prédilection de toujours. La production est beaucoup moins froide que celle d’Erotica (l’album, toujours) et la voix est également moins brute. Mais on y ressent tout le côté personnel de Rebel Heart, encore une fois. Preuve que Madonna semble s’être véritablement investie dans ce nouvel album.
18/ Messiah : On arrive bientôt à la fin de l’album, et nous avons encore droit à une seconde ballade au piano. À ma connaissance, ce n’est pas un instrument auquel l’artiste a eu souvent recours, les exceptions étant rares. Au début, je la trouvais assez fade et passe-partout. Mais le temps a fait son œuvre et, finalement, je trouve ce titre joli et très agréable à écouter. Tout ça pour dire que cela fait vraiment du bien de retrouver une Madonna vulnérable, à l’image de The Power of Good Bye (entre autres).
19/ Rebel Heart : On revient à une chanson sous fond de guitare sèche, soit un instrument que la chanteuse a toujours affectionné, que ce soit pour constituer beaucoup de ses chansons, ou bien pour en jouer durant ses tournées. C’est ainsi qu’elle se dévoile de nouveau, pour notre plus grand plaisir, à travers deux-trois accords bien pensés. C’est un mid-tempo qui s’avère être doux à l’oreille, et qui est la énième preuve que le dernier opus de la Madone est l’un de ses plus personnels, à ce jour.
20/ Beautiful Scars : Prenez un clavier, des cordes et incluez-les dans une production aux tendances disco, qui vous donnera envie de danser les yeux fermés. Car oui, Beautiful Scars est ce genre de titre qu’il faut pleinement écouter, la voix de la chanteuse s’apparentant, encore une fois, à une douce et agréable sucrerie POPienne. Mais le titre me transcende surtout dans sa dernière partie, avec cette voix vocodée enchanteresse, qui personnalise si bien ces cicatrices que Madonna a toujours semblé porter en elle. Une énième réussite pour cet opus de qualité !
21/ Queen : Et cette voix enivrante revient à la charge sur le titre suivant, qui est mon deuxième véritable coup de cœur de Rebel Heart. À mes yeux, il s’agit d’une chanson froide dans l’âme (l’histoire d’une Reine déchue, qui ne retrouvera jamais sa couronne), mais chaude dans la forme. La voix de l’artiste nous transporte, lorsqu’elle se met à chanter : « The queen’s been slain, she’ll never rule again ». On croirait même qu’elle parle d’elle à la troisième personne, peut-être une manière de dire qu’elle est prête (ou doit se résoudre) à laisser sa place à ses héritières. Une chanson qui reste indéniablement en tête.
22/ Borrowed Time : Là, je retrouve la Madonna que j’aime ! Soit celle qui m’a toujours fait vibrer avec ses mid-tempos pop/folk à la Love Profusion, Secret et autre Nothing Fails. Borrowed Time n’est finalement qu’une bonus track parmi d’autres et, pourtant, c’est sans aucun doute l’une des meilleures chansons de Rebel Heart. À l’image de sa consœur Living for Love, elle a clairement le potentiel pour être un hymne musical, dans sa propre catégorie. Un titre intemporel, tout simplement.
23/ Graffiti Heart : C’est, en quelque sorte, la suite de Borrowed Time, musicalement parlant. Tout autant efficace que ce dernier, moins marquant cependant. Et contrairement à son prédécesseur, la chanteuse y a insufflé un petit vent d’électro, tout en gardant un côté intimiste, cela dit. L’énième preuve que la Madone sait mélanger des genres diamétralement opposés avec brio.
24/ Autotune Baby : Voici LE titre de Rebel Heart, voire de Madonna, qui me procure des sensations, inexplicables et inexpliquées jusque-là. Tous ceux que je connais détestent cette chanson. Or, moi, je l’aime. À mes yeux, elle s’avère être intrigante et enivrante, avec ce bébé vocodeur qui pleure. Et elle est davantage enivrante, lorsqu’on entend l’artiste user de son timbre vocal sucré, qui rappelle celui qu’elle avait dans les années 80, pour nous séduire d’un air coquin. Ma chanson favorite de ce dernier album, devant les autres coups de cœur suscités !
25/ Addicted : On termine cette (très) longue critique avec Addicted, un autre titre qui mélange pop/folk et électro « bourrin » (je dis ça à cause de sa production froide et lourde). Malgré quelques détails « déplaisants », cette chanson me donne envie de danser, à l’instar de Beautiful Scars(avec laquelle elle semble avoir un certain air de famille). Une jolie manière de clôturer un opus aussi personnel et intime, en tout cas.
C’est donc un avis globalement positif que je vous ai livré, à propos de ce treizième album si riche, musicalement parlant. Pour le résumé simplement (ou vulgairement), je le qualifierais comme un « best-of » de sa carrière. Soit un mélange des principaux styles qu’elle a pu expérimenter jusqu’à aujourd’hui. Elle s’y livre corps et âme, à l’image d’un Erotica, d’un Ray of Light ou d’un American Life, pour mon plus grand plaisir. C’est cette Madonna que je voulais tant retrouver, après trois albums commerciaux et efficaces, mais trop impersonnels à mon goût.
Alors, même si Rebel Heart sera (hélas) son album le moins vendu de toute sa carrière, il restera l’un de ses meilleurs opus pour moi, et ce, à coup sûr.