Les américains voient son visage partout : les métros, les bus et les taxis, voire les pharmacies et les fast-foods. Parce qu’on a beau dire ce qu’on veut de Lady Gaga, elle sait comment fonctionne le marché. Elle a même poussé le vice en vendant, le premier jour, son album à 0.99$ (offre uniquement valable sur Amazon.com). Tous ses détracteurs ont donc intérêt à vite hiberner, car du Gaga, on va assurément encore en bouffer pendant deux bonnes années (au moins).
Vendu comme « l’album de la décennie » selon la principale intéressée, on ne pouvait qu’être perplexe face à cela. Car comment peut-on prétendre sortir LE chef d’œuvre, alors qu’on va bientôt entamer le second semestre de 2011 ? À moins qu’elle parle des dix dernières années ? Mais là, c’est la même chose, car elle a été devancée depuis longtemps par ses collègues : Madonna avec Music, Britney Spears avec Blackout, Robin Thicke avec The Evolution of Robin Thicke, Nelly Furtado avec Folklore, et j’en passe. On peut même ajouter The Fame Monster ! Après, c’est une question de goût. Le fait est que, lorsqu’on écoute Born This Way, on n’a pas affaire au meilleur album de tous les temps, mais on ne peut pas nier non plus sa qualité.
Car Born This Way est en soi un bon album. Ceci dit, il ne s’avère pas forcément être accessible, d’un point de vue commercial. Là où The Fame Monster alignait tube sur tube, desquels on tombait amoureux instantanément, Born This Way choisit d’être non consensuel, en nous proposant des titres qu’on n’aurait jamais pensé entendre de sa part. Par exemple, Government Hooker, Americano, Scheiße et Heavy Metal Lover sont loin d’être radiophoniques. En fait, je qualifierais personnellement ces chansons de longs interludes. Et paradoxalement, ce sont les meilleurs titres de l’opus. Pour tout vous dire, chaque fois que je les écoute, j’ai envie de faire un truc : danser le tango sur Americano, fumer classieusement une cigarette sur Government Hooker ou encore rouler dans une décapotable au son de Heavy Metal Lover. C’est drôle, car Gaga est la seule à nous donner ce genre d’envie.
Le reste de l’album oscille entre bons titres commerciaux et pistes d’album passables.
Dans la première catégorie, je voudrais : Marry the Night (le futur hymne des clubs, qui rappelle beaucoup Everybody’s Free de Rozalla), Born This Way (ce n’est pas le meilleur titre de l’opus, certes, mais ça se laisse écouter), Judas (que j’aime toujours autant), Highway Unicorn (chanson qui passerait également très bien en boîte), Electric Chapel (un titre très électrisant, comme son nom l’indique), Yoü and I (ça fait penser à Shania Twain, et pour cause : c’est produit par Robert « Mutt » Lange, le résultat étant détonnant) et The Edge of Glory (dont on comprend l’actuel succès).
Dans la seconde, j’aimerais : Bloody Mary (un Alejandro version triste) et Bad Kids (le mélange de disco et de rock est vraiment plaisant). Enfin, il y a Hair, qui est trop passe-partout.
Avec Born This Way, Lady Gaga fait un nouveau pas en avant et évolue musicalement. Pour ça, on ne pourra que l’applaudir, puisqu’elle ne fait que repousser ses limites. Mais comme je l’ai dit plus haut, il faudra certainement du temps au monde pour y déceler sa qualité. Ce qui différencie indéniablement Born This Way des autres albums actuels. À voir, dans quelques années, s’il mérite vraiment d’être considéré comme « l’album de la décennie ».